Léonard de Vinci (Kahil/Vittori) La renaissance du monde

P eintre, sculpteur, architecte et ingénieur, Léonard de Vinci meurt à Amboise le 2 mai 1519. Un demi-millénaire plus tard, son souvenir demeure vivace. Les éditeurs de la collection Destins d’histoires, publiée par 21 g, l’ont compris et l’inscrivent dans leur panthéon, en compagnie de Martin Luther King, Gustave Eiffel, Pelé et quelques autres. Enfant doué, jouissant d’une grande beauté, il naît dans le village d’Anchiano en 1452. Adolescent, il est accueilli dans l’atelier d’Andrea Del Verrocchio à Florence. Son talent est précoce et le succès arrive rapidement. L’homme a toutefois de multiples passions, l’une d’elles l’amène a disséquer une femme enceinte, une curiosité qui crée un froid avec les papes et les Médicis, lesquels se révèlent souvent les mêmes. Il se mettra ensuite au service de Ludovic Sforza, duc de Milan, puis de François 1er.

Marwan Kahil propose une biographie somme toute classique. Il observe, sans vraiment creuser et expliquer. Il s’attarde longuement sur l’enfance du personnage et expédie prestement certains chapitres. Certes, il est important de connaître les origines de la sommité pour apprécier ce qui suit, le lecteur aurait tout de même souhaité obtenir davantage d’information sur son apport au développement des armes de guerre chez les Milanais, son amitié avec Machiavel, la rivalité l’opposant à Michel-Ange, et enfin, ses dernières années auprès du roi de France. Le contexte politique est évoqué, mais sans plus. À la décharge du scénariste, le défi était de taille. Le savant a eu plusieurs vies et de nombreuses carrières ; pour rendre compte de tout, il n’a eu d’autre choix que d’effleurer plutôt que d’analyser. Peut-être aurait-il été préférable de s’en tenir à une période mieux circonscrite ou de se concentrer sur un seul aspect de son parcours, par exemple, les arts, les inventions ou encore les liens entretenus avec le pouvoir et les mécènes.

Ariel Vittori a évité le piège de pasticher l’artiste ou de s’approprier le style des peintres de la Renaissance. Le dessin, semi-réaliste, est exécuté en quelques traits très gras, sur lesquels il pose cavalièrement ses couleurs. Le résultat est imparfait, voire étrange, sans pour cela être inintéressant. L’album présente par ailleurs plusieurs évocations d’œuvres, notamment une Joconde à laquelle il accorde une pleine page. L’amateur reconnaîtra également, entre plusieurs autres, L’homme de Vitruve, lequel représente un individu aux proportions idéales et, pourquoi pas, l’inspiratrice de La naissance de Vénus, une toile de son collègue Sandro Botticelli.

La renaissance du monde est de toute évidence une commande passée pour tirer parti de l’engouement entourant le cinq-centième anniversaire du décès du génie. Le projet est néanmoins bien mené et il remplit sa mission éducative.

Moyenne des chroniqueurs
6.0