Luminary 1. Canicule

Été 77, dans un cirque de Pittsboro, sous une chaleur étouffante, le jeune Billy Swan refuse de faire le poireau en attendant de l'aide. Le garçon entre dans la cage de Manasa, la tigresse, pour l'aider à mettre bas. À plus de 800 kilomètres de là, une explosion ravage le centre de New-York faisant plus de 200 victimes et... un survivant, dans son épicentre, nu et recroquevillé. Alors que l'armée intervient il prend la fuite aidé par un vendeur de glace témoin de la scène.

Luc Brunschwig l'a assez dit, c'est grâce à Photonik et Ciro Tota qu'il a eu envie de faire du super-héros. Il a d'ailleurs bien failli reprendre le scénario, à ses dix-huit ans, mais les éditions Lug ont cessé d'éditer Mustang, le magazine qui accueillait ses aventures. Depuis, l'envie de revenir à ce personnage turlupinait le scénariste et aujourd'hui, avec la bénédiction du créateur et surtout le concours des pinceaux de Stephane Perger, Luminary voit le jour aux éditions Glénat.

Pour cette nouvelle série, l'auteur du Pouvoir des innocents reprend le principe du trio de personnages centraux - l'enfant, le bossu, le vieil homme - et leurs « capacités » mais les accomode à sa guise et les ancre dans un contexte plus politisé. Comme à son habitude, Luc Brunschwig prend soin de détailler leur psychologie et parvient à créer rapidement l'empathie. Ses protagonistes sont mis au ban de la société et souffrent de discrimination sous une forme ou une autre. Très bien rendues par le dessin réaliste et expressif de Stéphane Perger, les émotions qu'ils vivent sont saisissantes.

La narration s'articule autour d'une construction où les époques s'entrelacent, quitte à dérouter au début. Mais la lisibilité, grâce à un découpage limpide et au choix judicieux d'une bichromie lors des souvenirs, est toujours de mise. Patiemment, le puzzle prend forme et lorsque toutes les pièces s'emboîtent, tout s'éclaire naturellement, à la manière des planches éclatantes de son complice. Séquencée en cinq chapitres (de 22 ou 23 planches chacun), l'intrigue s'épaissit et mêle expériences gouvernementales, montée des mouvements radicaux, ségrégations, amitié, vengeance. Le terrain que représente les tourments et angoisses des trois protagonistes semble fertil et les pistes lancées ont de quoi ouvrir l'appétit quant aux développements à venir !

Avec Canicule, Luc Brunschwig réalise un de ses rêves en se réappropriant à merveille son modèle. Sublimée par l'art de Stéphane Perger, cette mise en place est alléchante. Ne reste plus aux auteurs qu'à répondre aux nombreuses questions posées pour continuer de se régaler de ce super-héros sans costume et ses comparses.

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Moyenne des chroniqueurs
8.0