Le bruit des mots

L a parole est d’argent, mais le silence est d’or. Souvent, une personne est jugée sur la pertinence de son propos ou la richesse de son vocabulaire. Les politiciens l’ont faite de bois et, parfois, elle est embarrassante. Ça déblatère, ça communique, ça conseille, ça tance ou ça sermonne. Le Bruit des Mots, pas exactement de la BD, mais pas non plus de l’illustration pour autant. Ouvrez les yeux pour mieux entendre vos pensées et celle des autres.

Touche-à-tout entraperçu à la télévision avec sa série schizophrénique Germain fait sa télé, Germain Huby s’intéresse aux médias et à la façon dont les messages sont construits et perçus par le grand public. Il prolonge sa réflexion en bande dessinée avec Le Bruit des Mots. Humour et recherche de la petite bête se partagent des compositions pleines pages auxquelles ont été associées des dialogues plus ou moins décalés. Air du temps, boboïtudes diverses et variées, vie de couple et en entreprise, Fabcaro n’est pas loin. Le résultat s’avère irrésistible.

La force de l’album tient dans la simplicité de son concept et à la discipline à laquelle l’artiste s’est tenu. Strict, il ne dévie pas de son cadre de départ et est donc obligé de changer ses angles d’attaque pour éviter les redites. Habilement construit, l’ensemble se montre parfaitement au point. De plus, deux-trois running gags parcimonieusement distribués apportent la cohésion nécessaire à la bonne tenue de cet ouvrage original et profondément hilarant.

Jamais gratuit ou méchant, « Le Bruit des Mots apparaît comme la possibilité d’une rencontre avec soi-même à travers les autres. » ajoute son auteur. En résumé, une lecture que les amateurs d’absurde et d’autodérision devraient certainement apprécier.

Moyenne des chroniqueurs
7.0