Robinsons, père et fils

D idier (le narrateur et auteur), accompagné de son fils Antoine, treize ans, débarque sur l’Île aux nattes, un atoll de l’océan Indien niché à quelques encablures de Madagascar. Un parfait petit coin de paradis (en dehors de la saison des cyclones et en se méfiant des moustiques) pour faire le point sur son existence et tâcher d’enseigner le monde à un ado en devenir. Pour l’instant, l’eau est à trente degrés et la bière fraîche, il faut bien commencer quelque part.

Après l’Équateur (cf. Vertiges de Quito ), Tronchet reste sous les tropiques, mais change de continent. Avec une volonté de laisser le monde moderne et son agressive connectivé derrière lui, il espère retirer sagesse et enseignements de cette immersion dans une vie simple et, surtout, plus posée. Pour le gamin, ça sera également une belle expérience. Une fois passé le traditionnel choc culturel et la découverte des particularités du lieu (paysage, personnages originaux, sanitaires), il arrive très rapidement à pas grand-chose ; ce qui ne l’empêche pas de partager ses réflexions philosophico-sociologique avec le lecteur. Entre rousseauisme prudent (mieux vaut être en bonne santé et avoir du pouvoir d’achat dans ce pays très pauvre) et réel plaisir de se retrouver face à lui-même, ses conclusions ne s’avèrent guère nouvelles ou originales.

Et le fiston dans tout ça ? Acclimaté en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, il est le grand gagnant du voyage. Il participe même à l’ouvrage avec quelques pages décrivant ses loisirs et ses rencontres. Que les parents anxieux soient rassurés, leurs progénitures trouveront toujours les moyens de se faire des copains et passer de bons moments. Ils ont la vie devant eux, les questionnements existentiels peuvent bien attendre.

Pour le reste, le découpage et la mise en scène sans grand intérêt sont contrebalancés par des couleurs éclatantes. Le dessinateur assure le minimum et peine malheureusement à retranscrire toute la richesse de l’ambiance de cette bande de terre échouée devant l’océan. À noter que Robinson père et fils a été en partie pré-publié dans la revue XXI et sous forme romancée aux éditions Elytis.

Moyenne des chroniqueurs
4.0