Erwann 1. La loi du Skatepark

Q uinze ollie... il faut absolument que le jeune Erwann parvienne à enchaîner ces quinze sauts. Il l'a promis à son frère, Jeff, la dernière fois qu'il l'a vu. Et tant pis si leur mère n'est pas du tout d'accord.

Après le remarqué Edeilwess (chez Vents d'Ouest avec Lucy Mazel aux dessins), Cédric Mayen opère un changement radical. Dans le format, franco-belge par excellence (le fameux 48 CC) comme la cible, avec un titre jeunesse qui parlera à tous les fondus de glisse et notamment les riders en culottes courtes, ou plutôt en « baggy » et casquette. Au-delà de ces changements, la plume de l'auteur garde les mêmes axes. Avec des personnages secondaires travaillés et prometteurs autour d'un héros attachant au possible, il construit une histoire touchante, sur fond de deuil, et traite de la nécessité pour les parents de laisser leurs enfants grandir et se forger leur expérience. Porté par des dialogues qui contribuent à la crédibilité des échanges et des interactions, le discours se révèle positif sans être niais même si certaines situations s'enchaînent avec opportunité.

Dans un style qui n'est pas sans rappeler celui de Nob et sa série Dad, Yann Coizic vise juste. Il s'éloigne de ce qu'il proposait dans Les démons de l'asphalte pour un dessin plus rond, faussement gros nez, totalement adapté. Une mise en scène aérée, une colorisation sobre et des décors souvent dépouillés permettent d'accentuer les réactions et expressions de ses personnages. Un découpage qui accompagne les changements de rythme narratif, entre séquences de skate et scènes plus intimistes, complète sa bonne prestation.

Touchant et réaliste, Erwann est aussi bien écrit en plus d'offrir aux skaters en herbe un divertissement réussi. Il ne reste plus qu'à espérer que les auteurs puissent raconter d'autres aventures du jeune garçon et de ses amis.

Moyenne des chroniqueurs
7.0