Brigade Verhoeven 2. Irène

C amille est policier. Il mène une vie heureuse, il adore sa compagne, le couple s’apprête du reste a avoir un bébé. Le boulot aussi va bien, même s’il doit parfois partir en catastrophe pour se rendre sur le lieu d’un crime. Cette fois, c’est vraiment terrible : deux corps de femmes dépecés avec cruauté. Devant tant d’horreur, l’incompréhension est totale, jusqu’à ce que le héros se souvienne que ce tableau figure le Dahlia noir de James Ellroy. De fil en aiguille, le limier réalise que depuis des lunes, un psychopathe reconstitue des scènes décrites dans des romans policiers. Une chasse à l’homme démarre alors à Paris pour l’empêcher de frapper de nouveau.

Pendant une dizaine d’années, Pierre Lemaître (Au revoir là-haut) a raconté les péripéties de la brigade Verhoeven, dont Pascal Bertho adapte maintenant les aventures en bande dessinée. Après Rosie, voici Irène, le deuxième tome de la tétralogie. Le schéma demeure classique : un mystérieux meurtrier, des détectives, puis un petit groupe de personnes parmi lesquelles se trouve forcément le coupable. L’enquête progresse, les projecteurs se braquent sur l’un ou sur l’autre (les innocents protègent jalousement des péchés véniels et lancent ainsi les investigateurs sur de fausses pistes), avant de s’arrêter sur le délinquant. La destination est connue, mais ce qui compte, c’est le voyage et il faut reconnaître que celui proposé par le scénariste est plaisant et que la motivation du criminel est diaboliquement tordue.

L’univers graphique de Yannick Corboz est singulier. Il rappelle par moments l’œuvre des peintres expressionnistes et à d’autres la brutalité des peintures de Francis Bacon. Ses personnages ont dans l’ensemble des bouilles sympathiques, même le scélérat. Le dessin présente par ailleurs une abondance de gros plans, avec de fréquents changements d’angle. Le bédéphile pourrait en perdre son latin ; l’artiste arrive néanmoins à assurer la lisibilité des scènes qui sont d’ailleurs souvent représentées dans des vignettes très chargées. Ces points de vue rapprochés des gens et des événements évoquent d’une certaine façon le travail de l’enquêteur qui a du mal à prendre du recul. Bref, le fond et la forme se confondent.

Un bon polar, qui finit mal.

Moyenne des chroniqueurs
7.0