Picolette

L aure Garancher est une touche-à-tout, après des études en biologie et agro-alimentaire, puis une réorientation dans la sociologie et l'anthropologie qui l'a conduite vers l'humanitaire, le virus du dessin l'a piquée. Quelques années, deux titres et la création de l'association The Ink Link plus tard, voici donc son troisième album.

Picolette, Sporophile curio pour les puristes, est un petit oiseau chanteur dont l'habitat se situe en Amérique latine. À travers le destin de l'un d'entre eux, l'autrice invite les lecteurs à découvrir la vie au Surinam, du fin fond de la jungle à Paramaribo, et la place occupée dans la société par ces drôles de piafs au ramage si mélodieux.

Direction l'Amazonie, dans un petit village au bord d'une rivière, non loin de la forêt. Entre cachiri - bières artisanales -, tir à l'arc et matches de foot c'est ici que vivent Alimyie et sa famille. Avec les autres habitants, ils s'apprêtent à fêter le retour pour l'été, de sa sœur et des adolescents partis étudier dans la capitale. Si cette mise en place aux allures bucoliques et festives ne s'avère pas d'emblée palpitante, elle permet de planter le décor tout en distillant toutes les informations nécessaires pour appréhender le mode de vie dans cette partie du monde. Rehaussés par les échanges plein d'humour entre animaux, les dialogues sont fluides et permettent d'en apprendre rapidement plus. La naïveté apparente des personnages principaux contraste avec certains des thèmes abordés. La difficulté de l'existence, la migration estudiantine, la place de la femme et la problématique des filles-mères, l'orpaillage ou encore la chasse et le commerce (lucratif) de ces oiseaux. C'est ce dernier point qui sert de fil rouge à l'histoire.

Sur les pas de Pico, à la voix aussi plaisante que ses observations sur les humains sont piquantes et drôles, l'autrice de Opium (Les éditions Fei) offre une plongée au cœur des concours auxquels ces oiseaux participent. Bourré d'anecdotes et de renseignements plus ou moins surprenants, son récit accélère en même temps que le lecteur s'interroge sur l'issue de la carrière du chanteur ailé. Grâce à son trait rond et limpide, un découpage clair et des couleurs aux teintes passées, les pages défilent aisément. Entrecoupés d'aquarelles d'oiseaux, les chapitres s'enchaînent sans fausse note, vers une happy end attendue.

Laure Garancher indique vouloir partager sur son vécu en racontant ces histoires en bandes dessinées. Picolette en est le parfait exemple : dépaysant, ludique et didactique. En attendant son prochain projet qui aura à nouveau l'Amazonie pour cadre, il est possible de suivre les activités du collectif d'autrices et d'auteurs dont elle est à l'origine, sur le site de The Ink Link.

Moyenne des chroniqueurs
6.0