Conan le Cimmérien 4. La Fille du Géant du Gel

S ur les eaux gelées d’un lac du Nord, les hommes s’affrontent encore et encore. Toutefois, aujourd’hui, un battement lancinant étouffe le tumulte des combattants qui entre-tuent…

Fluide sur les courbes d’une déesse impudique, puissant dans les combats sanguinaires, superbe sur les paysages enneigés, le trait de Robin Recht impose sa marque. Violent, oppressant, épique, grandiose, les adjectifs manquent pour qualifier cet album. Mais au-delà de l’esthétique, dans l’immersion graphique que constitue cette lecture naît une forme d’exaltation. La Fille du géant du gel exhale l’enivrant parfum du désir, répand les relents des cadavres des vaincus, enivre de l’air pur et glacé des cimes de l’Odroerir ou sature les sens des effluves de sueur et de sang mêlés. Rares sont les albums qui procurent une telle sensation de mouvement, une telle fluidité dans leur narration ! Cependant, à bien y regarder, le pitch est des plus ténus : sur fond de cosmogonie nordique, un mercenaire sans état d’âme succombe aux charmes d'Atali, sorcière espiègle et flamboyante et défie les dieux pour jouir pleinement du repos dû aux guerriers. Du classique, mais pas du convenu, puisqu’avec cette variation de la Belle et de la Bête, Robin Recht projette son récit dans les ténèbres d’où surgit Ymir et pour la gloire duquel les Vanirs ou les Aesirs maculent la blancheur hivernale.

Avec La Fille du géant du gel, Conan le Cimmérien entre dans la légende du Nordheim et un peu plus dans celle du 9e Art.

Moyenne des chroniqueurs
7.3