Le dernier dragon 1. L'Œuf de Jade

E n 1499, quelque part en Arabie, deux hommes parviennent dans la vallée inaccessible où les dragons pondent et meurent et s’emparent d’un œuf qu’ils comptent négocier à prix d’or, comme tout ce qui touche à ces créatures ailées. Peu après, à des milliers de kilomètres de là, la supérieure de la maison chapitrale des dragonnières d’Occident envoie Umas à la recherche du précieux bien volé. En route, celle-ci doit retrouver sa consœur Stali qui n’a plus donné de nouvelles depuis des jours. Et pour cause, elle vient de perdre sa monture, tuée par des chasseurs accompagnés d’une puissante Drac, un ordre aux relents sulfureux.

L’œuf de jade ouvre une série aux accents uchroniques, mêlant une Europe du Quattrocento finissant à des éléments fantastiques, en l’occurrence des dragons et leurs cavalières. Jean-Pierre Pécau est coutumier du genre et apprécie de remanier l’Histoire. Dans ce premier tome, il dresse la toile de fond de son intrigue, présentant les différents protagonistes, l’environnement et les enjeux géopolitiques. De ce fait, la trame narrative oscille d’un personnage principal à l’autre, circonstanciant le propos en attendant probablement de plonger en son cœur par la suite. Néanmoins, la riche galerie d’intervenants et la diversité des lieux se révèlent prometteuses, de même que les frictions qui émergent au détour du récit. Reste un point dommageable qu’une relecture attentive aurait pu éviter : la confusion, à un moment donné, entre les noms d’Umas et de Stali, qui survient alors que le lecteur est encore en pleine familiarisation avec les identités de chacun.

L’histoire est portée par le graphisme réaliste de Léo Pilipovic dont le trait s’avère être expressif et caractérise bien les nombreux acteurs, malgré un rendu des créatures ailées un peu en deçà du reste. Il livre également quelques décors majestueux, intérieurs ou extérieurs. Parallèlement, les cadrages sont variés et le découpage assure une bonne lisibilité. La colorisation lumineuse de Thorn vient agréablement envelopper le tout, en créant de jolies ambiances.

Avec son entrée en matière qui s'attarde à installer les pions de la partie qui s'annonce, ce volume initial du Dernier dragon laisse le lecteur sur sa faim, tout en laissant entrevoir un univers prometteur. Espérons que la série prendra enfin son essor au prochain épisode.

Moyenne des chroniqueurs
5.0