La sémantique c'est élastique

À l’heure où tout est devenu histoire de perception et de communication, l'importance des mots n’a jamais été aussi forte. Maîtriser leurs usages et pouvoir décrypter leurs sens cachés est donc indispensable pour ne pas tomber dans les pièges ou sous le charme des beaux parleurs qui monopolisent plateaux télé ou quémandent des voix. Bienvenue dans les arcanes de la sémantique.

Originellement parues au sommaire de La Revue dessinée, les chroniques composants La sémantique c’est élastique démystifie locutions et expressions dans la bonne humeur. Ni linguiste patenté ni Maître Capello, James a préféré prendre le rôle du vulgarisateur généraliste. Le livre aborde évidemment l’étymologie et l’orthographe. Cependant, si les explications savantes s'avèrent précises et toujours surprenantes (les vocables et leurs sens ont évolué avec les âges et les aléas des migrations), le cadre social actuel et passé n'est pas oublié pour autant. Raconter les origines lexicales de « antisémitisme » n’est pas chose aisée et il est important de mentionner la situation géopolitique du Moyen-Orient pour éviter les approximations potentiellement embarassantes. Ce faisant, l’auteur démontre que, oui, les mots sont des outils à double tranchant et que leur choix dans les discours n’est jamais innocent.

Pour rendre digeste toute cette érudition, James fait preuve d’un humour imparable on ne peut plus sympathique. Références et clins d’œil, usage intelligent des stéréotypes, calembours et, surtout, une intelligence continuelle dans le propos rendent la lecture prenante. Le sujet a beau être sérieux, il n’est jamais rébarbatif mais toujours entraînant. Le graphisme quasiment minimaliste joue sur la même longueur d’onde et accompagne judicieusement, voire ludiquement, ces exposés mêlant savoir et récréation.

Plus leçon de choses que cours de grammaire, La sémantique c’est élastique est un ouvrage essentiel pour ceux qui désirent aller au-delà des apparences des figures de style et d’un vocabulaire trop beau pour être honnête.

Moyenne des chroniqueurs
7.5