Le projet Bleiberg 3. Le patient 302

D ébut des années 1940, le professeur Viktor Bleiberg travaille à la concrétisation d’un vieux rêve aryen : créer un surhomme et ainsi établir les bases d’un nouvel ordre mondial. Le troisième Reich soutient son initiative et lui offre tous les cobayes dont il a besoin pour le réaliser. Trois quarts de siècle après la fin de la Deuxième Guerre, le projet demeure toujours vivant. Jay Corbin, un boursicoteur égocentrique, se retrouve, du jour au lendemain, au cœur de la conjuration. Heureusement qu’il y a la gracile Jacky Walls, une agente de la CIA, et Eytan Morg, son confrère du Mossad, pour le protéger des vilains.

Le scénario de Serge Letendre se révèle sympathique. La trame est simple et efficace : des nazis, un complot politico-industriel, une jolie fille, des fusillades, de l’hémoglobine, sans oublier un héros aux prises avec ses démons. La recette n’est pas foncièrement originale, mais elle est réussie. L’univers s’avère manichéen : d’un côté les méchants, à savoir les héritiers du Führer, les Russes et des entrepreneurs véreux, de l’autre les Américains. Dans ce troisième et dernier tome, le récit alterne les deux époques. Les segments ancrés dans le passé sont de loin les plus intéressants alors qu’ils présentent la genèse de quelques-uns des personnages d’un point de vue très humain. Ceux témoignant du présent se montrent au contraire verbeux et les explications longues ; cela dit, les révélations entourant une des figures principales surprennent agréablement.

Le dessin de Frédéric Peynet affiche lui aussi sa binarité. Les temps anciens, quoique dramatiques, sont évoqués par un coup de crayon tout en rondeur, rehaussé par des couleurs chaudes. À l’opposé, le monde contemporain est froid et les acteurs manquent de naturel. Les méchants ont des sourires cruels un peu convenus, l’homme d’affaires ne semble pas vraiment y croire quand on lui casse la gueule, et que dire des pommettes de la tueuse des services secrets qui s'empourprent chaque fois qu’elle pose le regard sur le financier. Dans l’ensemble, l’artiste assure tout de même, les décors sont convaincants et la composition dynamique colle bien au rythme nerveux de l’histoire.

Une lecture agréable qui a tout pour plaire aux amateurs de beaux gosses riches à craquer qui ont tendance à mettre les pieds dans le plat.

Moyenne des chroniqueurs
6.5