Les sanson et l'amateur de souffrances 1. Livre I

L orsque Charles-Louis Sanson croise Marguerite, il en tombe tout de suite amoureux. Il ne sait cependant pas que la demoiselle est la fille du bourreau. Comme ce dernier n’a pas d’héritier, la sinistre charge revient à son gendre. C’est comme ça et ça ne se discute pas. Ce n’est pas de gaité de cœur que le jeune marié apprivoise la carrière de briseur d’os et de trancheur de têtes, il s’y fait tout de même. Après quelque temps, il découvre que la fonction dissimule également un pacte avec un mystérieux spectateur, lequel exige de recevoir différentes parties du corps des condamnés. Voilà qui lui cause bien des tourments.

À travers une pratique devenue inusitée, Les Sanson et l’amateur de souffrance présente un XVIIe siècle riche en hypocrisies. Le public assiste aux exécutions et en fait pratiquement une fête, mais refuse de fréquenter l’exécuteur et sa famille. Le protagoniste n’aime pas ce métier, la paie se révèle cependant bonne et il prépare doucement son fils à prendre la relève. Le récit se montre dans l’ensemble bien construit et le parcours du héros, prisonnier des traditions familiale et sociale, demeure crédible. Le propos est dur et son traitement doit être à l’avenant ; le lecteur aurait néanmoins apprécié quelques pauses, lesquelles auraient donné davantage d’impact aux scènes de haine, de colère et de violence qui se suivent et se ressemblent parfois.

Le dessin de Patrick Mallet remplit son mandat. Utilisant abondamment le noir et les teintes foncées, il traduit le côté macabre de l’histoire. Son trait, très gras, nuit au jeu des acteurs qui manquent de subtilité. Les yeux écarquillés foisonnent, idem pour les rictus et les mines déconfites. La composition est pour sa part efficace, l’artiste dynamise les planches en variant constamment les formats et les formes de ses cases. Il multiplie par ailleurs les gros plans, particulièrement ceux des visages, insistant de cette façon sur les sentiments des personnages.

Oscillant entre romance et fantastique, le scénario, bien qu’il soit un peu convenu, se lit agréablement.

Moyenne des chroniqueurs
6.0