Les jours qui restent

P ersonne n’est à l'abris de la maladie. Riche, pauvre, jeune, vieux, elle peut frapper n’importe qui, n’importe quand. Les seules choses qui restent en notre pouvoir sont nos réactions et notre attitude face à ce coup du sort. Sans le savoir, Charlotte, Daniel et Catherine partagent le même mal et, surtout, les mêmes peurs.

Triple chronique entrecroisée, Les jours qui restent n’est pas à proprement parlé un ouvrage sur la thrombocytose (anomalie de l'hémogramme caractérisée par une augmentation du nombre de plaquettes circulantes). Si, Eric Dérian prend bien la peine de clairement détailler cette affliction et son traitement (effets secondaires compris), il place la dimension psychologique au centre des débats. Avec trois exemples contrastés – Charlotte, jeune étudiante qui vient de recevoir son diagnostique, Daniel qui vit avec depuis plus de vingt-cinq ans et, entre les deux, Catherine qui l’a totalement intégré en l’oubliant presque -, il présente les réactions, les moments de colère, voire de désespoirs ainsi que la force de la résilience de l’être humain. Si le côté intérieur est prépondérant, l’extérieur n'est pas oublié pour autant. Sans être atteints, famille et amis doivent également apprendre à composer avec « ça ». Le portrait s’avère complet et instructif sans être rébarbatif ou trop clinique. Par contre, l’atmosphère très typée « feel good movie » détonne un peu sur la longueur. S’il évite de tomber dans le mélo pur et dur, le scénariste n’hésite pas à jouer lourdement avec les bons sentiments pour boucler son histoire.

Illustratrice au trait frais et entraînant, Magalie Foutrier insuffle énormément de vie à ces existences marquée par la maladie. Elle met en scène une galerie de personnages finement croqués dans une ville – Paris ? Elle n’est jamais nommée – grouillante d’énergie. À la frontière du réalisme et du cartoon sophistiqué, le découpage et la mise en scène se montrent particulièrement efficaces. De plus, malgré un propos logiquement préoccupant, le rythme reste continuellement soutenu et démontre bien que le monde ne vous attend pas. Après avoir appris une si mauvaise nouvelle, il faut s’accrocher encore et encore pour ne pas complètement perdre pied.

Roman choral plein d’espoir, Les jours qui restent réussit à faire le tour de son douloureux sujet sous la forme d’un récit contemporain optimiste malgré tout.

Moyenne des chroniqueurs
6.0