Slowburn

M ilieu des années 1970, Marcel Gotlib, à la barre de Fluide glacial, sollicite la collaboration d’André Franquin. Ce dernier ayant la santé fragile, il lui propose de ne produire qu’une vingtaine de dessins. Avec vingt cases, il en fera soixante, lesquelles occuperont trois pages de magazine. L’histoire se veut assez simple : deux chats copulent, l’un connaît l’extase, l’autre reste sur sa faim.

Soyons francs, s’il n’était pas l’œuvre de deux ténors du neuvième art, ce récit serait sans doute tombé dans l’oubli. Mais comme les signatures sont prestigieuses, le bédéphile y prête attention. L'éditeur a heureusement très bien fait les choses. D’abord les soixante vignettes présentées dans le périodique à raison d’une par page, puis une partie des originaux (mais pourquoi pas tous ?).

L'amateur apprécie l’expressivité des félins et l’art du mouvement que le créateur de Gaston maîtrise à la perfection. Il découvre ensuite comment le rédacteur en chef, dans une démarche quasi oubapienne, a dupliqué, tronqué, recadré et pivoté les illustrations pour que le lecteur ne se rende pas trop compte de la supercherie, tout en assurant la cohérence du projet. L’opuscule est complété par un texte de Gérard Viry-Babel, lequel rappelle les différentes coopérations du tandem et explique la genèse de Slowburn.

Cet album est-il indispensable ? Non.
Fait-il plaisir ? Hé oui. On n’y peut rien, l’équation Franquin + Gotlib s'avère forcément irrésistible, même s’il s’agit d’une production mineure.

Moyenne des chroniqueurs
6.5