Aristophania 1. Le Royaume d'Azur

M arseille, 1900, trois gamins vivent avec leurs parents, ils sont pauvres, mais heureux. Après que leur père ait été assassiné dans des circonstances troubles, une étrange fée aux allures de Mary Poppins les conjure de fuir pour se soustraire au courroux de puissances maléfiques. Neuf ans plus tard, ils résident à Paris, dans un taudis. Les choses tournent mal et leur mère est emprisonnée. Leur bienfaitrice intervient cependant et les accueille dans son domaine, établi au cœur d’une campagne idyllique. Frères et sœur ne sont pourtant pas au bout de leurs peines ; dans l’ombre se cache le Roi-Banni, un ennemi vraiment très méchant.

Le récit de Xavier Dorison tient un peu de Peter Pan alors que l’hyperréalisme se teinte de fantastique. Sur fond de tensions sociales, les enfants découvrent une société mystérieuse, régie par l’azur, une énergie cosmique que tous convoitent. Les personnages demeurent archétypaux, Basile impétueux et courageux, Victor, intelligent et studieux, puis Calixte, la petite sœur un peu naïve. Il est prévisible que leur complémentarité constituera leur force dans un univers dominé par la magie et les sortilèges. Les frangins ont par ailleurs de solides alliés, en particulier la comtesse Aristophania Léontine Armance Bolt-Privat de Rochebrune, qui leur sert de mentor et de protectrice.

Le coup de pinceau de Joël Parnotte se révèle exceptionnel. Ses décors, réalistes, sont particulièrement réussis, notamment ses reconstitutions d’usines, d’entrepôts ou des quartiers mal famés rendus singulièrement glauques par une mise en couleur sombre. Les dessins, dans l’ensemble, fourmillent de détails. La construction se montre pour sa part très créative ; les planches ont la particularité d’être souvent tranchées par une case pleine largeur. Ce sont d’ailleurs ces vignettes de grand format qui captent d’emblée l’attention du lecteur, après quoi son regard se porte sur ce qui vient avant et après. La page, ainsi conçue, forme un tout cohérent.

Le royaume d’azur propose un conte dickensien, dans lequel on aurait incorporé une bonne dose de « fantasy » ; la proposition n’est pas inintéressante, reste à voir comment elle se déploiera dans les prochains tomes de cette saga qui devrait en compter quatre.

Moyenne des chroniqueurs
6.4