Le dernier des étés

P artir trois jours avant un engagement de toute une vie, c'est ce qu'a décidé Dani. Avant de se marier avec Alex, ce photographe se rend sur les lieux de son enfance, un village balnéaire de Catalogne où il passait ses étés. La raison officielle ? Un reportage sur le temps qui passe, en images. Pourtant, au fond de lui-même, il sait pertinemment que c'est l'occasion de faire son deuil d'une époque-charnière, où tout aurait pu être différent...

Avec délicatesse, Alfonso Casas propose le voyage temporel et géographique à la fois d'un homme qui doute et s'interroge sur la pertinence des décisions qu'il a prises il y a vingt ans : comme une histoire inachevée qu'il faudrait clore, les interrogations qui le hantent, et si, et si... L’auteur aborde l’homosexualité avec naturel et sincérité, évitant les clichés du refoulement et retraçant de manière simple les souvenirs d'ados qui se cherchent, se font souffrir et mûrissent au gré de leur choix, - bons ou pas - . Il n'est pas vraiment question de regret mais surtout de nostalgie, ce qui fait de ce bel ouvrage une lecture émouvante et rafraîchissante, avec une tendresse réelle qui remue les cœurs. L'alternance des périodes se révèle très bien gérée, pour terminer le récit sur une fin ouverte qui laisse le lecteur s'interroger sur ce qui aurait dû être fait.

Les jolies couleurs, empreintes de douceur, varient les tonalités pour évoquer le passé ou le présent. L'artiste utilise un trait gentiment caricatural, apportant une touche de légèreté et de bienveillance et accentuant de ce fait l'empathie dégagée par les protagonistes.

Coup de cœur émotion pour Le dernier des étés, évocation douce-amère d'un premier amour, forcément tourmenté, évidement magnifique, illustré avec beaucoup de sensibilité et d'intelligence.

Moyenne des chroniqueurs
7.0