Balle tragique pour une série Z

S ous le soleil de plomb de L.A, Jimmy White rumine au milieu d'un décor mexicain des studios Disney : marre de jouer des rôles qui ne sont pas à sa hauteur, marre de servir de faire-valoir à ce bonze de Guy Williams et surtout, marre que la belle Sally Davis lui échappe. Cerise sur le gâteau, il doit cinq mille billets à Giuseppe Battaglia, un bookmaker auquel il vaut mieux ne pas se frotter. Mais ce qu'il ne sait pas encore, c'est que l'inspecteur Jason Boyd cherche toujours à le coincer pour une vieille affaire qu'il n'a pas digérée. Attention Jimmy, le danger peut venir de tous les côtés, même les plus inattendus.

Après l'excellent Trou de mémoire, Roger Seiter (Special Branch, Maxime Valmont...) continue dans le registre du polar avec ce one-shot qui prend place durant l’âge d’or d’Hollywood, enfin, pas si doré que ça. Le scénariste remue la vase et pose le pari de proposer une intrigue où les acteurs ne sont pas forcément sympathiques. Qu'importe, la trame classique se révèle efficace et accrocheuse, avec tous les ingrédients du genre : protagonistes stéréotypés certes, mais bien campés, un anti-héros qui tient plus du loser que du tombeur et un bon casting de personnages secondaires. La voix off installe une intimité subtile et les dialogues s'avèrent tout à fait dans le ton. Un réel effort pour brouiller les pistes avec différents enjeux et une mise en scène étudiée achèvent de remporter l'adhésion du lecteur.

Pascal Regnault possède un style graphique bien à lui : son trait anguleux et précis dessine des gueules de l'emploi, avec une belle maîtrise de l'encrage noir et du blanc pour la luminosité, le tout habillé de teintes chaudes dans les tons sépia. Le résultat est immersif à souhait, d'autant que la fluidité des scènes est impeccable.

Sans révolutionner le thriller, mais en l'illustrant de manière originale, les auteurs de Balle tragique pour une série Z explorent et dévoilent les dessous de la «Cité des anges», qui sont loin d'être immaculés.

Moyenne des chroniqueurs
7.0