KidZ 1. Tome 1

C oincés dans ce qui ressemble à un coin de paradis en Californie, Brooks, Ben et leur petite bande ont mis en place toute une organisation pour tenter d'y survivre. Depuis l'épidémie, chacun connait les règles et veille à les respecter ; ne jamais sortir la nuit, se tenir éloigné des zombies et rester toujours sur ses gardes en forment la base. Hélas, même avec ces précautions, difficile de rester vigilant qui plus est quand on a une dizaine d'années. Et lorsque deux nouvelles venues débarquent, c'est tout l'équilibre du groupe qui se retrouve bouleversé.

Moi aussi je me suis dit : « des morts vivants et un gang de jeunes qui se défoule dessus ? C'est Walking Dead au pays de Seuls... Rien de nouveau en somme. »

Détrompez vous ! Si évidemment, chacun y verra les influences qui lui sont propres, Aurélien Ducoudray (au scénario) et Josselyn Joret (couleurs et dessins) ne se contentent pas de mélanger ces deux références à succès. Ils proposent une véritable histoire d'aventure, quelque peu violente mais prenante et rondement menée, à l'identité propre. D'emblée, l'auteur des Chiens de Pripyat et de À coucher dehors rend attachants ces enfants livrés à eux-mêmes. En esquissant leurs blessures et en décrivant leur vie - entre railleries et exterminations - depuis une épidémie sur laquelle rien n'est dit, il leur donne rapidement l'épaisseur nécessaire pour inviter à les suivre. Son complice, qui œuvre pour la première fois sur tout un album, joue la même partition. Ses planches sont d'une grande efficacité. Grâce à un chara-design dans l'air du temps et réussi (même s'il ne plaira pas à tout le monde) et un style vif d'une belle constance, sa prestation s'avère aboutie.

Le duo brille aussi par une certaine maîtrise du tempo et du suspens. Entre les scènes d'action, dont la tension et le dynamisme sont parfaitement servis par un découpage judicieux, et des séquences calmes, propices aux révélations, l'immersion est totale et la lecture se fait d'une traite. Ces moments plus posés sont exploités pour asseoir une ambiance fin de monde qui colore la majorité de l'histoire mais aussi pour appuyer la dramaturgie des souvenirs des protagonistes. Cette alternance permet d'imposer un rythme soutenu sans pour autant tourner à une course à la survie non-stop sur soixante-cinq planches. L'humour comme les situations de la vie quotidienne viennent ajouter des respirations bienvenues dans un récit a priori bien sombre.

À l'heure où certains s'échinent à maintenir en vie des fantômes du passé sans innover et se bornent à vouloir décliner des recettes éculées, il est agréable de voir des auteurs proposer à un large public un démarrage de cette qualité. Aurélien Ducoudray et Josselyn Joret prouvent qu'il est encore possible de créer ses propres héros avec panache et ambition. Rendez-vous est pris pour le tome deux et la confirmation de ce début prometteur.

Moyenne des chroniqueurs
7.5