La venin 1. Déluge de feu

F ille d’une putain de la Nouvelle-Orléans, Emily se rend à Silver Creek pour épouser Benjamin Cartridge qu’elle connaît à peine. Manque de pot, ce dernier repose six pieds sous terre. Sans le sou et désespérée, elle se résout à pratiquer le métier de sa mère. Quelques semaines plus tard, elle assassine le gouverneur du Texas et s’enfuit. Débute alors une « chasse à la femme ».

La vengeance est au cœur du propos de Laurent Astier ; à moins qu’il ne s’agisse de représailles multiples. Au premier chef il y a celle des prostituées, mais le récit aborde également la question du droit des autochtones, évoque l’émancipation des femmes et l’intransigeance de la religion. C’est d’ailleurs beaucoup pour un album de cinquante-cinq planches. Aussi, l’enchainement entre les événements s’avère par moments difficile à suivre. Si l’héroïne allait au fin fond de l’Amérique pour abattre le politicien, pourquoi diable se donner le mal de marier un cul-terreux ? Et comment pouvait-elle savoir que l’homme d’État passerait par ce bled ? La série comptant cinq tomes, peut-être que la trame en apparence décousue finira par trouver toute sa cohérence.

Le dessin est dans l’ensemble réussi. Les décors sont convaincants, tout comme la plupart des personnages. La composition se montre très dynamique et les plans sont particulièrement variés ; il y a de l’action et cela se ressent dans la forme. Curiosité, le bédéphile notera de sympathiques clins d’œil à Blueberry, à Undertaker et à Jolly Jumper. Autre singularité, le bas des cases se déroulant dans le passé est arrondi alors que les vignettes illustrant le présent (1900) sont carrées.

Un bon western qui remplit bien le cahier des charges (chevaux, saloon, cowboys, Peaux-Rouges, cavalerie, etc.) et qui se distingue en plaçant une dame au cœur de l’intrigue. Celle-ci n’a rien d’une potiche, elle n’a pas froid aux yeux et elle est plutôt attachante.