Contro Natura

L eslie pourrait être une jeune femme comme les autres mais... Dans un monde peuplé d'animaux anthropomorphes où les relations entre espèces sont jugées contre-nature et où le mariage et la natalité sont surveillés et encadrés par le législateur, difficile d'assumer son célibat. Encore moins ces drôles de rêves qui la perturbent tant. Et si tout cela n'était pas que de simples fantasmes ?

Mirka Andolfo voit sa série phare traverser l'Atlantique et rejoindre le catalogue déjà pléthorique de Glénat Comics. L'Italienne, dont l'histoire a été publiée par Image Comics aux USA, s'offre avec Contro Natura une « maxi série » de douze épisodes, au propos résolument moderne bien que terrifiant par moments. Après une introduction, légèrement érotique (Leslie est une petite cochonne...), qui laisse à penser à une variation sur le thème de l'amour impossible, l'artiste transalpine surprend. L'univers qu'elle déploie alors se révèle bien plus complexe que ce début ne le présageait. Mythologie, aventure, complot politique tendance conspiration, ségrégation, son intrigue apparaît bien plus travaillée qu'à première vue. Les ingrédients se superposent avec fluidité à mesure que la trame s'épaissit. Malgré quelques facilités dans son déroulement (le classique capture-évasion-retournement de situation est souvent utilisé), l'autrice maintient l'intérêt et démontre un réel talent dans la gestion du suspens et du rythme. Très rapidement embarqué dans les pas de cette héroïne atypique et de ses amis, le lecteur ne lâchera le livre qu'une fois l'épilogue dévoré.

Il faut avouer qu'au-delà de cette maîtrise narrative, l'aspect graphique joue un rôle primordial. Habituée des comics, la créatrice de Ange et Démon montre un certain savoir-faire en terme de composition et de découpage. Un style très efficace, s'appuyant sur trait précis et expressif, aux allures cartoon, lui permet de construire des planches claires et accrocheuses. Assurant elle-même la colorisation, l'artiste n'hésite pas à s'accorder quelques fantaisies qui passent sans mal.

Surprenant et bien mené, Contro Natura réussit à convaincre. À la fois drôle, sombre et plaisant, le récit de Mirka Andolfo captive rapidement au point d'en oublier les quelques défauts dans le choix des rebondissements. Un travail propre pour une lecture originale et plaisante.

Moyenne des chroniqueurs
6.0