Virus (Ricard/Rica) 1. Incubation

G uillaume Roblès est en fuite et trouve refuge sur un bateau de croisière en partance. Il a peur, car il se sait contaminé et connaît les effets du virus qu’il porte en lui. Son supérieur n’a pas eu sa chance, il est mort. Dès l’incident connu, une cellule de crise est mise en place au gouvernement. Il faut s’assurer de la sécurité de la population sans l’affoler. Mission quasi-impossible à cette époque où tout le monde vit connecté vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Pendant ce temps, sur l’océan, les premières victimes commencent à tomber.

Sylvain Ricard a sorti l’artillerie lourde et propose un thriller haute tension avec Virus. Autorités en mode panique, scientifiques dépassés et brochette de héros plus ou moins vaillants, le tout saupoudré de peinture sociale, son scénario ne fait pas dans l’originalité, mais dans l’efficacité. À peu près aucun poncif du genre n’a été oublié et le lecteur en a pour son pop-corn (prévoyez une portion XL, l’album est long). Le comment du pourquoi viendra plus tard, pour l’instant, la narration s’intéresse aux réactions immédiates face à l’inconnu. Petit-à-petit, la peur s’installe. Insidieuse, la mort se fait d’abord discrète et les plaisanciers la remarquent à peine. Puis, les réunions de crise se succédant à Paris, la réalité de la situation commence à prendre forme. Le dosage entre scènes chocs et passages explicatifs (signalons le très beau travail de vulgarisation scientifique) se montre particulièrement affûté. Résultat, malgré sa nature introductive, Incubation est déjà prenant et angoissant à souhait.

Toujours fidèle à ses influences japonaises, Rica réalise un superbe mix entre franco-belge et manga. Mise en page dynamique, utilisation habile des trames et faciès exacerbés à la limite du grotesque, les planches surprennent par leur énergie et leur aspect hybride. Ces choix esthétiques forts sont heureusement totalement assumés et, surtout, très bien exécutés.

Comme son titre l’indique, Incubation n’est que le début, la suite risque d’être sanglante ! Relecture appliquée et percutante des films catastrophes, Virus n’est pas loin de rendre contagieux.

Moyenne des chroniqueurs
6.5