Alix Senator 8. La Cité des poisons

L a perte de Kephren a endeuillé Enak, Titus et Alix. L’empereur Auguste confie néanmoins une nouvelle mission à ce dernier. Les trois compagnons se rendent alors dans la cité de Pétra, en Nabatène. Le roi de la province, Obodas, s'emploie à festoyer et délègue volontiers les rênes du pouvoir à son ministre, Syllaios. Celui-ci fomente d’ailleurs un coup d’État, afin de rendre officielle cette situation instable et hypocrite. Pour mener à bien son projet, il demande l’aide de Rome et sollicite Alix. Mais le sénateur exige une contrepartie qui ne convient pas au conspirateur. Dans le même temps, Titus, fils d’Alix et fiancé de Camma, voit en Alexandre, rejeton de Syllaios, un dangereux rival amoureux. Chacun trouvera chez Babalat, marchande de poisons et de potions en tous genres, de quoi réaliser ses désirs : un philtre d’amour, une poudre d’invocation ou une substance pour chasser.

L’épisode porte bien son titre, car les règlements de compte se font via une série d’empoisonnements, avec ce que cette pratique a d’imprécis et de non maîtrisable. La légitimité du tandem Valérie Mangin (scénario) et Thierry Démarez (dessin) n’est plus à commenter. L’esprit de Jacques Martin est respecté, l’esthétique est soignée et la narration est de qualité. Le visuel de l’album est superbe, ravissant le regard sur les intérieurs comme les extérieurs, les perspectives profondes ou les gros plans, le mouvement des personnages aussi bien que l’aspect des objets. La colorisation de Jean-Jacques Chagnaud est également irréprochable. L’art des ombres, des textures et des nuances est maîtrisé avec brio.

C'est du côté de l’intrigue que naît un reproche lié à un manque de dynamisme et d’originalité. La conquête des royaumes voisins, les projets de vengeance ou la rivalité amoureuse sont des motifs usés jusqu’à la corde. Plus d’audace et d’action auraient servi indéniablement La Cité des poisons. Reprendre la série de Jacques Martin, faire de son héros un homme mûr, c’est se donner la possibilité de dépasser le carcan mis en place par le créateur. Oser explorer des nouvelles contrées, bousculer les personnages et leur public, ce n’est pas être irrévérencieux. Le tome 9, Les Spectres de Rome, semble déjà écrit. Mais pour les éventuels suivants, les auteurs pourraient se souvenir que Les Aigles de Rome et Murena sont entrés dans le paysage de la bande dessinée depuis plusieurs années et que la représentation littéraire ou graphique de l’antiquité romaine a fortement évolué.

Moyenne des chroniqueurs
6.0