La perle La Perle

C 'est l'histoire de Kino le pêcheur, de sa femme Juana et de leur bébé Coyotito. Ils vivent très modestement dans un petit village, mais ce peu leur suffit. Un jour pourtant, le poison infiltre cette tranquillité : un scorpion pique l'enfant.
C'est le récit d'une perle, cachée dans une huître au fond de l'eau. Elle est symbole d'espoirs, de rêves et de désirs. Un matin cependant, elle sera découverte par un homme acculé par la fatalité.
C'est un conte où les pulsions nuisibles d’avidité, de vanité et de malveillance s'expriment. De tous temps malheureusement, ce schéma se répète à l'infini.

Jean-Luc Cornette adapte ici l'une des œuvres les plus connues de John Steinbeck. Sous forme de courts chapitres, il exprime de manière remarquable ce constat universel : l'argent ne fait pas le bonheur. La concision du texte fait ressortir l'âpreté du ton, modèle de sobriété et de puissance. Le traitement est certes manichéen, néanmoins la morale est claire et implacable. La tension bien gérée ne fait que monter car une ombre funeste plane en permanence. Ce miroir de l'âme humaine écrit en 1947 ne s'est pas voilé malgré les années, démontrant ainsi la force de la métaphore.

Le style caricatural recèle beaucoup de personnalité grâce à un trait anguleux assez dur qui apporte la sécheresse adaptée à la noirceur de l'ouvrage. La trame hachurée grossièrement ajoute de la profondeur et du relief aux aplats de couleurs contrastés et vifs. Le cadrage varié et le découpage simple (planches à trois bandes alternant avec les pleines pages contemplatives) impose une lecture lente et attentive qui fait monter le suspense.

Une transposition en images fidèle au roman, avec un graphisme moderne de caractère : voilà ce qu'apporte cette version d'un classique de la littérature américaine. À (re)découvrir avec un plaisir amer.

Moyenne des chroniqueurs
7.5