Réalités obliques 3. Rencontres obliques

I l y eut d’abord Réalités obliques, puis Mondes obliques. La trilogie se termine avec Rencontres obliques. La formule demeure la même : en quatre fois quatre cases, l’auteur raconte une histoire macabre, surréaliste, terrifiante ou méchante. Les saynètes se suivent et ne se ressemblent pas, sinon pour une chose : la chute est saisissante.

Les intrigues sont généralement adroitement ficelées. Avec une belle économie de moyens, le scénariste construit un système, y plonge un personnage, lequel tente de s’en sortir… alors qu’il s’y empêtre. Les fins se révèlent rarement heureuses ; souvent le protagoniste meurt, parfois il devient fou, à moins que ce ne soit tout son univers qui bascule. Dans cet ultime opus, Clarke a recruté des collaborateurs venus d’horizons divers. Le lecteur se doute qu’Andreas et Foerster ne se sont pas fait prier très longtemps avant de dire oui. La présence d’un Raoul Cauvin est certes plus étonnante, mais ce dernier tire lui aussi son épingle du jeu.

Avec délicatesse, l’artiste suggère et montre assez peu. Le bédéphile comprend bien que s’il y avait une dix-septième vignette le héros serait éviscéré ou hurlerait de terreur. Mais voilà, le bédéiste choisit de s’arrêter juste avant cela. Le trait, tout en retenue, est fréquemment rehaussé par de généreux aplats noirs qui donnent beaucoup d’élégance aux motifs. La présentation générale de l’album est engageante ; le petit livre carré est sobre, le papier épais et une tranchefile marque la page. À l’intérieur, les illustrations sont entourées d’un large cadre blanc au centre duquel elles prennent leur aise. Bref, Le Lombard fait bien les choses.

Est-ce que ce troisième tome apporte vraiment quelque chose de plus ? Probablement pas, mais ces contes cruels persistent à être plaisants.

Moyenne des chroniqueurs
7.0