Cyberfatale Si ça sort, on est morts.

Q uand le président de la République apparaît en slip kangourou à motif léopard sur internet, l’équipe de nuit de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes prend deux minutes de trop pour réagir. Cent-vingt secondes, c’est assez pour qu'une capture d’écran soit partagée des milliers de fois et que le chef d’État devienne la risée du monde. C’est évidemment le branle-bas de combat : officines gouvernementales, militaires et spécialistes des relations publiques s’en mêlent. Mais comme le disait Jacques Chirac, les emmerdes volent en escadrille. Les ennuis se poursuivent donc alors qu’un virus informatique force un avion Rafale à se poser en Turquie. Qui a fait le coup ? Les Russes ? Daesh ? C’est de nouveau la panique.

Les crises d’hystérie constituent de fait le fil conducteur de ce récit efficace et enlevant. L’intrigue se montre solide et la chute imprévisible. Il ne faut tout de même pas chercher la subtilité dans les personnages aux comportements archétypaux (officiers, journaliste, politicien, etc.) présentés dans ce premier opus de Cyberfatale. Cela dit, bien que l’ensemble ait l’allure d’une farce, le lecteur se doute que le scénario n’est pas bien loin de la réalité de la dynamique de la joute diplomatique, notamment de la relation d’amour * haine entre l’Hexagone et les États-Unis. La rumeur affirme d’ailleurs que derrière le nom du scénariste, Cépanou, se cachent différentes personnes dont une, La Source, œuvre au sein de la cyberdéfense française.

Le trait de Clément Oubrerie est reconnaissable entre tous. Dans Si ça sort, on est morts, il adopte néanmoins un style un chouïa plus caricatural et nerveux que de coutume. Les réactions des protagonistes sont excessives : yeux gigantesques de colère ou d’étonnement, visages entourés de gouttes de sueur pour marquer la peur ou la nervosité, etc. Le contour irrégulier des cases contribue également à renforcer l’instabilité des situations. Bref, l’artiste utilise tous les artifices classiques de la bande dessinée humoristique. L’illustrateur semble par ailleurs prendre un véritable plaisir à dessiner toute une panoplie de véhicules militaires. Le pinailleur lui reprochera tout de même, par exemple, l’intégration d’une voiture qui ressemble à une photo collée au milieu d’un dessin.

Un agréable vaudeville qui a des ressemblances évidentes avec Quai d’Orsay de Christophe Blain.

Moyenne des chroniqueurs
5.5