Sauvage (Meynet) 4. Esmeralda

S a vengeance accomplie et son honneur rétabli, Félix peut reprendre son vrai nom, Castelbajac. Par contre, du côté de l’aventure impériale de Maximilien, les choses ne s’arrangent pas. Pour faire face à une résistance toujours plus grande, l’armée doit sortir les gros moyens : plus de prisonnier ! Faisant son devoir, le jeune capitaine plonge dans la tourmente, les états d’âmes, ça serait pour plus tard.

Yann et Félix Meynet proposent une suite à Sauvage. Si les héros restent les mêmes, le style change quelque peu. De fresque familiale sur fond historique, le ton, déjà très enlevé, glisse clairement vers le « western mariachi ». L’intrigue tient sur un billet de un pesos et fait la part belle à l’action et à une certaine violence. Celle-ci n’est heureusement pas complètement gratuite et balise judicieusement le cheminement psychologique des divers protagonistes. En vieux routier, le créateur des Innommables sait parfaitement où il va et sème dès à présent divers éléments (le sort d’Esmeralda, le nouveau « rôle » de Clémentine) qui promettent d’ores et déjà un second tome riche en coups de théâtre et autres traîtrises.

Toujours sous le charme des lumières éclatantes de la Sierra Madre, Meynet ne se fait pas prier pour offrir plusieurs moments de bravoure graphique. Sa patte est immédiatement reconnaissable – parfois un peu trop, particulièrement au niveau des visages et de la morphologie – et la mise en page ambitieuse. Cavalcades gorgées de fougue, quelques (trop rares) grandes cases impressionnantes et une admirable gestion des couleurs, il avance tout en maîtrise.

Classique dans la forme, intelligemment construit et très bien illustré, Esmeralda devrait séduire les amateurs de frijoles dégustés à l’ombre des cactus géants et de charge de cavalerie sabre au clair.

Moyenne des chroniqueurs
5.0