Garonne et Guitare contre Foxy Lady 3. La Bruges Sous-Les-Flots

B ortingen, sur la côte belge. Alors que les travaux d’assèchement d’un futur polder avancent bien, plusieurs sabotages mettent subitement un frein à l’entreprise. Garonne et Guitare sont appelés à la rescousse afin de coordonner l’enquête et la protection du site. Qui peut bien en vouloir à ce chantier somme toute très banal ?

Les éditions Black and White continuent d’explorer l’œuvre de Marc Hardy en exhumant Garonne et Guitare contre Foxy Lady. Cette série humoristique parue à la fin des années soixante-dix dans Spirou n’avait jusqu’à maintenant jamais été publiée en album. Autre nouveauté, en plus d’un tirage de tête luxueux, une édition courante abordable est également proposée. L’initiative, à l’image du minutieux labeur d’autres petits éditeurs comme L’Élan ou Revival, est la bienvenue et permet ainsi de rendre disponible des titres oubliés.

Scénarisé par Mythic et illustré par Marc Hardy, La Bruges Sous-les-flots porte la marque de l’influence que Charles Dupuis avait sur les publications de son journal : de l’aventure, de l’humour bon enfant et un trait dans la lignée de la star André Franquin. Par contre, ce que n’avait pas prévu le patron, fut le choix du scénariste de faire glisser son histoire vers la tradition fantastique flamande et que l’inspiration du dessinateur viendrait plus des Idées Noires que de Spirou et Fantasio. Le résultat souffre malheureusement de ce choc stylistique. D’un côté, l’intrigue est classique avec une méchante à la manière de la Lady X chère à Jean-Michel Charlier ainsi que de nombreux gags au premier degré et, de l’autre, une ambiance sombre et étrange et des sous-entendus moins enfantins qu’il y paraît. Coincée entre ces deux mondes, la narration ne trouve jamais complètement le bon ton.

Encore en phase de rodage à l'époque, Hardy réalise néanmoins un travail admirable de générosité. Oui, l’empreinte du créateur de Gaston Lagaffe est plus que visible et oui, le foisonnement de fioritures et de détails nuit à la lisibilité générale (elle-même déjà bien entamée par les nombreuses ellipses énigmatiques jalonnant le court du récit). Passés outre ces défauts finalement secondaires, les planches s’avèrent superbes graphiquement et offrent un excellent témoignage d’un style en formation.

Surprenant et visuellement impressionnant (grand bravo à l’impeccable impression), Garonne et Guitare ont droit à une seconde chance pour trouver un public. Différents « bonus » inédits et un dossier intéressant complètent la renaissance de ce charmant péché de jeunesse.

Moyenne des chroniqueurs
6.0