Millénium Saga 3. La fille qui ne lâchait jamais…

L 'heure du dénouement a sonné pour Lisbeth Salander et Mikael Blomkvist. Coincés entre sauver les amis de la hackeuse, les services secrets suédois et les menaces, politique avec et terroristes avec Sparte, le tandem a fort à faire.

Sylvain Runberg pourra désormais lire Ce qui ne tue pas, le quatrième opus de la saga de Stieg Larsson, écrit par David Lagercrantz. Le scénariste du récent Clivages, Orbital et Warship Jolly Roger tenait à ne pas être influencé par cette suite en écrivant « son » Millénium. En deux ans et trois tomes, l'auteur a pu, sans contrainte, continuer de se plonger dans un pays qu'il connait bien et faire vivre des personnages qu'il a côtoyés au cours de l'adaptation de la fameuse trilogie. Associé, par l'entremise de Jean-Louis Dujardin, à Belen Ortega il clôt avec La fille qui ne lâchait jamais prise, leur trilogie.

Toujours aussi sombre, la trame mêle des thèmes (très) actuels tels que les lanceurs d'alerte et les WikiLeaks ou la montée des courants identitaires et nationalistes en Europe, avec ce qui représente l'ADN de la série : l'indépendance de la presse écrite et son rôle de contre-pouvoir, l'égalité entre les individus et la lutte pour la liberté. L'ambiance thriller politique sert toujours de cadre et le scénariste croise avec métier les intrigues et les personnages. Ces derniers sont dans l'ensemble bien caractérisés mais auraient gagné à être plus nuancés. Les héros ont des principes et ne versent dans l'illégalité que contraints tandis que leurs opposants n'ont pas d'autres excuses que leur soif de pouvoir et leur haine de l'autre pour guider leurs gestes.

Une sensation qui se prolonge dans le dessin et les ambiances. Les teintes sombres ou ocres renforcent la noirceur des ambitions de Sparta ou l'urgence dans laquelle les deux protagonistes principaux se trouvent. Le trait de Belen Ortega, peut-être moins virtuose sur les décors ou les arrières-plans que ceux de ses prédécesseurs, déborde d'énergie. Elle mise sur un encrage gras pour accentuer l'expressivité des protagonistes. Au travers un découpage nerveux, duquel transpire ses inspirations manga, totalement adapté pour restituer la détermination de Lisbeth et les dangers qu'elle et les siens affrontent, l'artiste démontre également de réelles qualités de mise en page. Un séquencement qui colle à merveille aux nombreuses scènes d'actions et à la tension qui va crescendo jusqu'à la conclusion

Totalement dans l'esprit de l'œuvre de Stieg Larsson, Millénium Saga se conclut de belle manière avec La fille qui ne lâchait jamais prise malgré un certain manichéisme mais aussi une intransigeance dans la manière de défendre les idéaux que Lisbeth Salander symbolise du début à la fin.

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Moyenne des chroniqueurs
5.0