Conventum

P ascal est convié à une soirée de retrouvailles avec ses condisciples du secondaire. Mais il pèse 120 kilos, il a une énorme verrue sur le doigt et sa carrière de dessinateur piétine. Comme il n’a rien de bien glorieux à raconter, il compte décliner l’invitation. Il hésite tout de même, perd du poids, puis finit par se rendre à la réception dans l’espoir d’y croiser la jolie Alice… et c'est la catastrophe. En quelques heures, il arrive à dégouter ou à insulter tout le monde ; au terme de la réunion, il est isolé, avec pour seule camarade une protubérance répugnante sur l'index.

La première partie de Conventum est très lente. Elle adopte, d’une certaine façon, l'allure du fainéant. Son manque d’énergie s’exprime par la redondance des lieux, des gens et des situations. La deuxième moitié du roman, laquelle correspond à la fête, se révèle à la fois semblable et différente. Dans une ronde infernale, les acteurs vont, viennent et posent les mêmes gestes, reproduisant ainsi la dynamique de leur adolescence. L’idée n’est pas forcément originale, mais l’anecdote est bien construite et le maladroit se montre attachant. Cela dit, le récit aurait gagné à être davantage elliptique.

Le coup de crayon de Pascal Girard est singulier. L’artiste travaille de toute évidence dans l’urgence ; les personnages, tout comme les décors, sont sommaires, à la limite de l’esquisse. Les illustrations sont par ailleurs petites et souvent chargées. Enfin, le choix de dessiner des vignettes sans cadre ne facilite pas la lecture.

En terminant l'album, le bédéphile a l’impression d’avoir sous les yeux la première version d’une œuvre qui pourrait être excellente, à la condition de resserrer le scénario et de peaufiner le dessin. Il subodore que cette histoire tenait à cœur à l’auteur, mais qu’il l’expose avec trop de précipitation.

Conventum a été précédemment publié par Delcourt en 2011.

Moyenne des chroniqueurs
6.0