Tango (Xavier/Matz) 2. Sable rouge

A près avoir arpenté le désert bolivien, Tango navigue sur la mer des Caraïbes à destination d’une île où son grand-père coule des jours heureux. Le destin du baroudeur n’étant pas de se prélasser sur la plage en sirotant une piña colada, il est immédiatement mêlé à un conflit avec un trafiquant, lequel souhaite mettre la main sur le paradis. Le brave se porte, évidemment, à la défense des insulaires.

Au scénario, Matz propose un travail honorable. Le récit est rythmé (bien que lent), les personnages sympathiques, leurs amitiés nobles et leur sens du devoir sans failles. L’aventurier cache un passé que le lecteur devine trouble, et c’est au compte-gouttes que l’auteur distille les informations. Le héros n’a tout de même pas le panache d'autres marins célèbres tels Corto Maltese ou Théodore Poussin (coïncidence, dans le dernier opus de cette série le bigleux combat lui aussi des bandits qui tentent de lui piquer son île). En fait, l’aigrefin ne se révèle pas particulièrement original, d’autant plus que le neuvième art compte déjà quelques justiciers millionnaires à la morale élastique. Un de plus, un de moins, pourquoi pas ? Mais encore eût-il fallu offrir à ce dernier une intrigue plus consistante que celle de Sable rouge qui a un air de déjà-vu.

Le dessin réaliste de Philippe Xavier est appliqué et l’artiste ne peut être pris en défaut. Quand il dessine le port de Nassau, il va de soi que la reconstitution est nickel. Idem pour l’architecture, les bateaux et les armes. Les filles sont jolies, l’acteur principal a une belle gueule ; même les vieux ont des bouilles avenantes. Cependant, pour surprendre le bédéphile, peut-être l’artiste aurait-il gagné à s’imprégner de l’intrépidité du paladin, bousculer les conventions pour donner plus de caractère à ses illustrations, quitte à désavouer la pureté de son trait.

Un album passe-partout, un peu lisse, pas foncièrement désagréable, mais qui manque de personnalité.

Moyenne des chroniqueurs
6.0