L'homme de l'année 14. 09 - L'Homme qui vainquit les…

C ette hécatombe en Dalmatie confirme ce que pensait Armonius : le courage sans la stratégie ne mène qu'à l'échec. Romain d'adoption, le préfet d'origine germanique ne reniera pas ses racines pour plaire à un officier aux insinuations méprisantes, même s'il est son ami. Dans l'élan, le légionnaire passionné tue son collègue. Pour éviter le conflit d'intérêt, le Sénat ne jugera pas l'affaire et envoie le meurtrier au loin continuer ce qu'il sait faire de mieux, attaquer. Œil pour œil, dent pour dent, le père de la victime ne laissera pas l'affront sans conséquence. La vengeance est en marche.

Jean-Pierre Pécau, déjà présent sur le front de l'actualité avec M.O.R.I.A.R.T.Y, Révolution, quand l'Histoire de France a basculé et Luftballons, scénarise ce tome quatorze de L'homme de l'année. Il propose un récit de guerre fort et captivant, où un soldat doit choisir entre les liens du sang et le devoir. Les caractères bien développés, combinés à une intrigue politique classique habilement construite font de cette lecture un moment passionnant, entre aventure, reconstitution historique et confrontation humaine. L'évolution du héros, la motivation de ses actes et son retournement contre Auguste sont décrits progressivement et de manière claire. Dans l'atmosphère tendue, le rouleau compresseur des légions romaines se trouve enrayé par un grain de sable et l'orgueil des tous-puissants, bafoué par la volonté d'un seul individu, un barbare de surcroit.

Le choix de Fafner (Jour J, Carthago Adventures) comme dessinateur propose un agréable changement. En effet, cette série
s'associe généralement à des artistes au style classique et sobre. Sa technique particulière à base de photos retravaillées à l'encrage accorde de la puissance, de l'expressivité et de la virilité, qualités parfaites pour soutenir le souffle épique de l'ouvrage. Les séquences de combat sont impressionnantes de minutie et de réalisme. Aussi à l'aise sur les plans larges que les vues rapprochées, l'artiste expose également un gros travail de mise en scène. L'emphase qui se dégage des planches, associée aux effets de lumière, crée une ambiance palpable et épaisse, particulièrement appropriée au contexte.

Lhomme qui vainquit les légions de Rome : une bataille vieille comme Hérode racontée et illustrée de manière moderne et passionnée. Combinaison osée, certes, mais mélange réussi.

Moyenne des chroniqueurs
7.0