Bonjour l'angoisse

A argh ! Un nouveau lycée et les galères s'annoncent à l'horizon : se faire juger, côtoyer des élèves inconnus, la pression des parents pour le bac et des profs coincés. Bref, la grosse déprime. Et si... Bon, déjà, changer de nom : allez, Marie-Stone, parce que Marie-Pierre... c'est troooop ringard. Tiens, elle a l'air sympa cette nénette à la coupe afro. Mmmh, pas mal non plus le gars là-bas. Finalement, cela ne va peut-être pas si mal se passer !

Sous forme de journal intime à petits carreaux (genre «cahier d'écolier» quoi !), la blogueuse Lucie Gomez déroule la chronique de la vie d'une adolescente de la première à la terminale. Sur deux pages à chaque fois, elle rend sa copie avec un sujet, son développement et le résultat/bilan. Elle prétexte ainsi d'une situation stressante du quotidien, l'analyse avec finesse et la désamorce avec une bonne dose d'humour et d'intelligence, sous un angle frais et léger. Les références flirtent avec tous les domaines et tous les registres, de Justin «Bimargarine» à Jacques Nickolson, de Munsch à Adèle. Pas de mauvais esprit, mais de l'autodérision, de l'énergie et de l'optimisme. La jeune rouquine observe le monde, sa famille, ses amis, elle-même et les gens tout simplement.

Le dessin caricatural est très agréable, coloré et comique au besoin. La galerie de personnages est variée, entre la copine Plume a la cool-attitude, le grand-père attachant ou les petits copains qui n'ont rien compris aux filles. La composition des planches est particulièrement inventive (stylo-bille, commentaires dans la marge, des ratures et des collages, des crayons de couleurs ou du feutre) prévalant d'un air de fouillis en apparence alors que l'ensemble est au contraire bien pensé et se révèle un régal pour le regard.

Vous me présenterez en cent-vingt pages des réflexions pertinentes et amusantes à la fois autour du thème «Bonjour l'angoisse». Presque un devoir de philosophie, mais sans le mal de crane, des réflexions imparables et de la tendresse pour ce monde loin d'être simple.

Moyenne des chroniqueurs
7.0