Sous la maison

R écemment arrivée en ville, Daisy a de la peine à s’intégrer à son nouveau quartier. Elle a néanmoins fait la connaissance de Jeanne-Claude. Et puis, l’ado a un secret : le lave-linge de sa maison est une porte dimensionnelle vers un monde chromatique extraordinaire, le parfait endroit pour s’évader quand le quotidien est trop gris. Aujourd’hui, elle a invité son amie à le visiter.

Conte fantastique sur fond de crise adolescente, Sous la maison est un album étrange mêlant narration classique et scènes psychédéliques tout droit sorties du Yellow Submarine des Beatles. La métaphore est à la fois très claire et ouverte. Ces jeunes gens fuient une réalité morne et trouvent ou retrouvent une part de la magie de leur enfance, alors que celle-ci s’éloigne chaque jour un peu plus. Sur ce point, l’exercice proposé par Jesse Jacobs est pertinent, même si l’aventure est visuellement exigeante pour les rétines.

Afin de nourrir une intrigue finalement des plus tenues, l’auteur de Et tu connaîtras l’univers et les dieux s’est senti obligé d'ajouter un pan new-age à son scénario. Les différentes séquences sont séparées par des planches théoriques décrivant les voies et les lieux empruntés par les protagonistes. Ce charabia ésotérique de circonstance raconté au premier degré ne provoquera que des sourires narquois auprès des lecteurs cartésiens. Plus embêtant, ces interludes n’apportent strictement rien à ce récit initiatique très traditionnel par ailleurs sagement écrit.

Album au propos déjà mille fois vu, mais doté d’une forme originale et réalisé avec beaucoup de soins (remarquons au passage l’impeccable travail d’édition de l’équipe Tanibis), Sous la maison devrait intéresser les amateurs de couleurs primaires et horrifier ceux qui croient que la vie ne se conçoit qu’en noir et blanc.

Moyenne des chroniqueurs
6.0