Une mémoire de Roi Une mémoire de roi

L e roi de Léthésie est notoirement inculte et son absence de connaissances lui importe peu. Mais voilà que la jolie princesse Angéline de Monaco l’invite au Bal de la rose. Le monarque n’a que deux semaines pour parfaire son érudition s’il veut l’impressionner. Celui qui a la mémoire d’un raisin sec devra tout d’abord apprendre à apprendre... En fait, il aura à découvrir comment s'y prendre pour retenir tout et rien. Ses serviteurs, Édouard et Jasmine (mais il oublie toujours leurs prénoms) convoquent Simonide de Céos, un maître de la mnémotechnique tout droit sorti de l’Antiquité. Le jeune homme sera transformé par cette rencontre.

Le scénario, signé par le bédéiste Mathieu Burniat et par le champion de la mémorisation Sébastien Martinez, est plaisant. En recrutant un duo fantaisiste, les auteurs édulcorent leur propos, mais donnent de véritables stratégies pour que le citoyen lambda arrive à enregistrer des quantités impressionnantes de données dans un ouvrage aussi didactique que divertissant. Il en ressort que l’être humain mémorise plus facilement une appellation ou un concept s’il est lié à d’autres idées et si ses cinq sens sont mis à contribution. Pour garder en tête le nom de cet animal qui vit dans le désert, il l'associera à soleil, sable et chaleur et, pourquoi pas, à chat et à mot. Bref, on est dans le pratico-pratique. Par moments, le contenu se révèle un peu lourd et l'intérêt vacille, jusqu’à ce que les aventures des deux lascars reprennent le dessus.

Le dessin caricatural de Mathieu Burniat est tout à fait sympathique. Ses bonshommes présentent des tronches incroyables. L’un ressemble à une paire de fesses, l’autre à un mini lutteur de sumo sur son chapeau de paille et une des domestiques a une étonnante chevelure rousse qui défie les lois de la gravité. Les décors sont également réussis, l’illustrateur reproduit de belle façon le faste d’un château, le calme d’une prairie ou encore une penderie « infestée de chutney complètement pourri ». L’artiste n’hésite par ailleurs pas à produire des schémas explicatifs ou à interpeller le lecteur, comme un professeur qui sollicite l’attention de ses étudiants.

Un album intéressant, très instructif, à lire par petites tranches et... zut, j’ai un trou de mémoire et ma conclusion m'échappe. Je me souviens qu’il y avait un lien à faire avec Vercingétorix, baobab, glace à la fraise et octet. Vous ne voyez vraiment pas ?

Moyenne des chroniqueurs
6.0