Polaris ou la nuit de Circé

U ne jeune femme est retrouvée morte dans des circonstances mystérieuses. La lieutenante Jeanne Condorcet est chargée de résoudre cet assassinat. La mise en scène du cadavre semble indiquer un crime sexuel, mais sans autre indice ou témoignages, l’affaire s’annonce difficile à élucider. Cependant, l’inspectrice découvre rapidement que la victime fréquentait un groupe libertin huppé et très discret : le Cercle de Circé...

Après L’herbier sauvage, Fabien Vehlman continue son exploration de la sexualité avec Polaris ou La nuit de Circé. En dépit des apparences de série noire, le récit s'avère plus être un exercice de conceptualisation de l’érotisme. Dans son enquête, Jeanne, elle-même une amatrice de libertinage, va croiser des esthètes de toutes sortes qui recherchent le coït ultime ! Oubliez la gaudriole, la pornographie ou les simples parties de jambe en l’air, ici tout est codifié et décortiqué. Le but est d’atteindre et de comprendre un hypothétique orgasme final. Malheureusement, la lecture s’avère à la hauteur des explications : lourde et, le comble au vu du sujet, aucunement émoustillante, malgré les différentes scènes explicites.

Le trait délicat et sombre de Gwen de Bonneval illustre cette plongée dans le stupre façon prise de tête. Le résultat est probant, particulièrement grâce à ses efforts sur les personnages. Regards perdus ou entendus, corps vigoureux ou usés, allures conquérantes ou soumises, la galerie de portraits est impressionnante de diversités et d’intensité. De plus, le dessinateur arrive presque à faire « passer » les innombrables digressions de son co-auteur. La tâche n’était pas aisée et il s’en sort avec les honneurs.

Album ambitieux, mais terriblement rébarbatif au point de penser que la voie purement documentaire aurait peut-être été plus indiquée que la fiction. Polaris ou La nuit de Circé a néanmoins le mérite de ne pas tomber dans le voyeurisme malsain ou la simple pantalonnade.

Moyenne des chroniqueurs
4.8