Negalyod 1. Negalyod

C e qui reste de l’humanité survit rassemblé autour des nœuds du réseau planétaire d’aqueducs. C’est là que l’eau nécessaire à toute vie est transportée et distribuée. Ailleurs, le désert s’étend à perte de vue et seuls quelques bergers osent affronter la plaine et le soleil. Il faudra un drame – le massacre de son troupeau -, pour que Jarri Tchepalt ose s’aventurer dans ces agrégats urbains. Il vient se venger de ceux qui ont tué ses bêtes.

Les années quatre-vingts sont de nouveau à la mode et Vincent Perriot les a bien potassées. Pour Negalyod, thriller d’anticipation à grand spectacle, il a largement puisé dans l’imagerie populaire de cette période. Bande dessinée, cinéma, il a pioché ici et là un peu partout pour habiller son travail. Un peu de Mad Max, un soupçon de western, une pincée de Jérémiah et beaucoup de Moebius emballent le tout. Les amateurs de références seront sûrement ravis de retrouver quelques morceaux de leur jeunesse. En plus, il y a des dinosaures ! Blague à part, force de constater que l’ambitieux scénario regorge de poncifs. Heureusement pour le lecteur, l'auteur les manie avec efficacité et une certaine maestria .

En effet, si le fond est plutôt convenu, la manière est pleine d’énergie et de moments de bravoures remarquables. Scènes d’action à couper le souffle, décors – villes en déliquescence, nature décharnée – monumentaux, le dessinateur a sorti les grands moyens et rend une copie impressionnante. Les spécialistes remarqueront sans peine les nombreuses influences et emprunts à des œuvres existantes. Plus que réellement gênantes, celles-ci sont parfaitement intégrées au flot narratif et dénote surtout de l’appétit et la volonté graphique de l’artiste.

Au-delà de ses airs de déjà vu et truffé d’incohérences propres à ce genre de récit, Negalyod en impose. Puissant, tendu et d’une grande richesse esthétique, cet album-blockbuster se lit d’une traite. Préparez-vous à en prendre plein les mirettes !