Spirou et Fantasio par... (Une aventure de) / Le Spirou de... 13. L'Espoir malgré tout - Première…

F ort du succès amplement mérité du Journal d’un ingénu, Emile Bravo avait annoncé son souhait de prolonger l’aventure. Il aura fallu attendre dix ans pour que celle-ci se concrétise. Premier tome de L’espoir malgré tout, Un mauvais départ est enfin arrivé sur les étals. Belgique 1940, Spirou plonge la tête première dans la Deuxième Guerre mondiale...

Suite immédiate de l’histoire précédente, l’ouvrage débute alors que les Nazis sont sur le point d’envahir le royaume de Léopold III. Fantasio est même mobilisé pour défendre la patrie et, comme on peut s’en douter, ses faits d’armes laissent à désirer. La capitale baigne dans le doute et les rumeurs, alors que l’implacable invasion se met en branle sur la frontière. Privé de travail, le groom doit se débrouiller et se retrouve chef-scout pour pouvoir manger. De son côté, son comparse continue à ses risques et péril son métier de journaliste. Malgré l’occupation, la vie continue, la peur en plus et la liberté en moins.

Spirou est l’ami des jeunes, Bravo ne l'a pas oublié et a logiquement choisi la carte du récit abordable et intelligent. À l’instar de Dugomier et Benoît Ers dans Les enfants de la Résistance, le ton de l'album se veut sensible sans être mièvre et didactique sans être rébarbatif. Entre deux péripéties plus légères, le scénariste multiplie les explications sur le sort des populations et sait prendre de la hauteur – via Anselme, l’extraordinaire paysan et ancien de 14-18 – pour offrir des interludes remplis de lucidité et de sagesse. Évidemment, à force de palabres et autres rappels, l’action n’avance pas beaucoup et le rythme s’en ressent. L’entreprise est prévue pour s’étaler sur quatre volumes épais au découpage serré. « Ne mettez pas la charrue avant les bœufs », dirait ce brave Anselme.

Toujours aussi finement dessiné et jouissant d’une mise en scène léchée (un bon mot au passage pour les très belles couleurs signées Fanny Benoit), Un mauvais départ joue parfaitement son rôle d’introduction à une saga marquée par ces années sombres. Le scénariste n’hésite pas à bousculer ses personnages (les décisions professionnelles de Fantasio par exemple) et à montrer très clairement ses positions. Il fait là un véritable travail d’auteur au sens premier du terme.

Fin, ingénieux et souvent très drôle, L’espoir malgré tout s’annonce comme une œuvre passionnante. Suite et fin d’ici 2020 (selon le calendrier annoncé).

Moyenne des chroniqueurs
7.5