Darnand, le bourreau français 2. 2/3

1943. Désirant redorer l'aura de la France de l’intérieur, Joseph Darnand a intégré le régime de Vichy. Son style sans concession et ultra-brutal est apprécié et même encouragé. À l'opposé, Ange Servaz a été contacté par la Résistance. Les hommes de Londres voudraient profiter des liens qui unissent les deux anciens combattants pour frapper un gros coup au cœur du système collaborationniste.

Où l’honneur et l’amitié commencent et s’arrêtent-ils ? Patrice Perna n’excuse rien, il veut juste comprendre les choix d’un homme qui passa du statut de héros à celui de traître. Hautement dramatique et tendu, ce second tome de Darnand le bourreau français prend à la gorge dès la première page et ne relâche jamais la pression. Les sentiments et les actions sont exacerbés au maximum et la violence – qu’elle soit physique ou psychologique – insupportable. Oui, Darnand est un monstre à la logique politique torturée et aveuglé par des convictions devenues croyances. Il trace lui-même le chemin qui le mènera à sa perte. De son côté, son compagnon de tranchée se sent obligé d’agir, constatant bien la folie destructrice de son ami. Là aussi, les lignes entre responsabilité et humanité deviennent floues et il en vient à penser qu’« il n’est pas si différent de lui. » « À un détail près, nous avons choisi le bon camp. », tente de le rassurer Monsieur Paul, son contact avec le Général De Gaulle.

Regards froids et rictus de circonstance, Fabien Bedouel met en images ces échanges glaciaux et souvent sanglants. Le résultat est probant, malgré un découpage et des transitions parfois hachées. Le dessinateur donne la part belle aux acteurs et délaisse malheureusement quelque peu les décors. Les couleurs un peu ternes de Sandrine Bonini et Ariane Borra renforcent encore plus le sentiment de huis clos permanent (même dans les Alpes !).

Implacable et haletant, la fin de cette tragédie est proche. Redéfinissant inlassablement le sens du devoir, Darnand le bourreau français offre une vision impitoyable des années d’Occupation.

Moyenne des chroniqueurs
6.3