Elma, une vie d'ours 1. Le grand voyage

I l sait qu'il doit profiter au maximum du moindre moment avec elle car ce sont les derniers, comme le lui rappelle douloureusement son compère loup. Papa Ours a recueilli Elma alors qu'elle n'était qu'un bébé et depuis, ils ne se sont pas quittés. Incapable de lui avouer la destination finale de leur prochain voyage, il tergiverse, malhabile, évoquant un grand changement, une surprise ou encore, une nouvelle aventure. Le périple commençant, il prend conscience de la place énorme qu'a pris la fillette dans son cœur et du déchirement irréversible et inévitable qui s'annonce. La petite sauvageonne sent que, de toute évidence, quelque chose se trame, mais, confiante, elle s'amuse de cette expédition et n'hésite pas à taquiner son nounours qui bougonne. Pourquoi tant de secret ? Qu'y a t-il au bout du chemin ?

Le lecteur ne peut faire autrement que de s'attacher au duo créé par Ingrid Chabber (En attendant Bojangles)
, (Écumes) : une gamine espiègle pleine de vie, adorable dans son insouciance, son caractère bien trempé et son attachement à son protecteur de toujours ; lui qui se révèle prêt à tout pour que rien ne la blesse et lui épargner le plus longtemps possible la vérité brûlante. D'ailleurs, une certaine aura de mystère entoure le but de la traversée, annoncée prématurément par la quatrième de couverture. À cela s'ajoute une tension et un trouble qui s'épaississent au fur et à mesure de l'intrigue. Au final, ce mélange de tendresse, d'humour et de drame latent captive autant qu'il émeut. Chaque péripétie est ainsi l'occasion de prouver leur attachement et de renforcer leur relation.

En parfaite adéquation avec le texte, Léa Mazé (Nora, Les croques) ravit les mirettes avec son dessin charmant et lumineux, rempli de délicatesse et de poésie, capable à la fois d'enchanter une forêt et de rendre menaçant les orages. Ses crayons de couleurs apportent une jolie texture brute et n'hésitent pas à faire pâlir les ambiances tragiques et adoucir les instants émouvants. La composition des planches, inventive, fait participer les cases pour quelques effets visuels, dégageant une émotion et une énergie réelles.

Prévue en deux tomes, le seul défaut de cette première partie est d'être trop courte. Chronique d'une séparation annoncée et d'une innocence qui se termine, cette histoire touchante, magnifiquement illustrée, ne pourra que faire fondre les lecteurs de tous âges.

Moyenne des chroniqueurs
7.0