Les trois Fantômes de Tesla 2. La conjuration des humains véritables

A u cœur de New-York, pendant le second conflit mondial, d’étranges événements inquiètent la population, les forces de l’ordre et les journalistes. Nikola Tesla, éminent scientifique philanthrope, est retrouvé mort seul dans un modeste appartement. Des vagabonds disparaissent sur les rives de l’East River. Celles-ci sont le théâtre, la nuit, de surprenantes allées et venues. De mystérieuses lueurs sont aperçues au fond de l’eau. On raconte, par ailleurs, qu’un sous-marin nazi aurait été vu dans les parages. Le reste du monde ne laisse pas d’inquiéter non plus : le mystérieux prisonnier de la tour de Londres a disparu ; dans le Pacifique, l’U.S.S. Langley ne donne plus signe de vie ; à Paris, des documents ayant appartenu à Marie Curie ne sont pas retrouvés. Tous ces faits ne semblent pas reliés. Mais, chacun de leur côté, le reporter Billing et le détective du F.B.I. Kelly ont l’intuition qu’il n’en est rien.

Le second épisode des Trois fantômes de Tesla reprend l’intrigue exactement là où le premier s’est achevé. Le jeune Travis Cooley est mis à contribution par l’hologramme de Tesla pour s’assurer de la mise en sécurité de ses découvertes, l’aider dans leur exfiltration et mettre en œuvre la réunion de la « Conjuration des Humains véritables ». Celle-ci, autour du physicien, rassemble Marie Curie, Robert Oppenheimer ainsi que les écrivains Aldous Huxley, Georges Orwell et H.G. Wells. Simultanément, sur un atoll du Pacifique, trois militaires américains échoués rencontrent un robot défiant toutes les technologies supposées connues.

Richard Marazano (Le Complexe du chimpanzé, Otaku Blue), au scénario, et Guilhem (Space Mounties, Zarla), au dessin, poursuivent la mise en place de ce tryptique ambitieux. Leur récit rétro-futuriste joue avec l’histoire et la littérature, mélange les zones sombres du passé et une imagination créative, développant ainsi des possibles. Servie par une écriture soignée, équilibrée et claire, l’intrigue happe le lecteur sans retenue. Les personnages sont habilement construits, suffisamment épais, sans être dans la surinformation. Le dessin de Guilhem sied parfaitement à une atmosphère empreinte du Manhattan des années 40, de fantastique, et d’un soupçon de steampunk. Même si l’artiste lorgne vers les codes esthétiques ornant les couvertures des livres de science-fiction du milieu du 20è siècle, son trait affiche une réelle modernité et une indéniable personnalité.

Cette uchronie, qui mêle subtilement sciences, géopolitique, surnaturel et réalisme social, renvoie à Jules Verne, H.G. Wells ou Gustave Lerouge. Le spectre de la bande dessinée franco-belge des années cinquante plane aussi sur cette série, rappelant notamment Le Secret de L’Espadon, S.O.S. Météores ou Le Rayon du mystère. Ce deuxième album tient toutes les promesses du précédent et rend déjà impatient de la parution du suivant. Cette série se hisse d’ores et déjà au-dessus de ses consœurs du même genre.

Moyenne des chroniqueurs
7.6