Le temps où on enfilait des perles

T out le monde a joué aux cow-boys et aux indiens étant petit, Cédric a juste continué un peu plus longtemps. Cet intérêt pour les Premières Nations s’est même renforcé en 1990 avec la sortie de Danse avec les loups le chef-d’œuvre de Kevin Costner. L’univers des Amérindiens va l’accompagner tout au long de ses études aux Beaux-Arts. Entre réflexions militantes et beuveries homériques, cette passion va même se transformer en une épopée improbable sur la piste de Pierre Brice, l’acteur emblématique du célèbre western allemand Winnetou.

Premier album autobiographique, Le temps où on enfilait des perles retrace le crucial passage de la fin de l’adolescence à l’âge adulte du scénariste. Les rencontres-clefs, la découverte d’autres possibilités, l’amour évidemment et, plus largement, l’heure des choix : les bons, les mauvais et les absurdes. Toujours en suivant son fil (à peau) rouge, Colocho se remémore des anecdotes, détaille des points importants de sa trajectoire avec application et parfois un peu de confusion sur ses intentions. Au final, rythmée et souvent très drôle, la lecture se montre agréable et sympathique.

Graphiquement, le dessinateur propose une approche en N&B très stylée au rendu proche de la linogravure. Personnages à la physionomie difformes, hachures sombres et découpages sévères plongent le lecteur dans un expressionnisme presque austère. Dans le même temps, le ton enjoué et les nombreux épisodes burlesques (merci les copains) offre un balancier surprenant à la narration. Entre BD underground et tranches de vie rigolotes, l’auteur n’a pas vraiment fait de choix, sans doute pour le mieux.

Emmêlé par moments, néanmoins intéressante et d’une grande sincérité, Le temps où on enfilait des perles est une jolie entrée dans le paysage du 9e Art.

Moyenne des chroniqueurs
6.0