Les aventuriers du Transvaal 1. L'or de Kruger

E xilé en France pour avoir fui le joug britannique exercé en Afrique australe, Paul Kruger est un président aux pouvoirs affaiblis. Loin d'être pour autant résigné, il décide de s'attacher les services de deux mercenaires afin d'empêcher l'oppresseur de mettre la main sur un trésor colossal dissimulé quelque part en République du Transvaal. Il s'agit de Ross, un ancien officier de la cavalerie américaine et Ortzi, un Basque révolutionnaire. En plus de se faufiler dans les lignes ennemies pour mener à bien leur mission, les aventuriers devront s'allier pour braver les nombreux dangers d'une savane souvent hostile.

Savant dosage de fiction et de géopolitique, le scénario de Jean-Claude Bartoll (Insiders, L'agence) propulse le lecteur dans l'ancienne Afrique du Sud, celle du début du vingtième siècle. Il invite à suivre les péripéties de deux gaillards que tout oppose dans une tâche s'annonçant périlleuse et confiée par un homme d'Etat contraint de quitter son pays. Assimilée à un genre de western délocalisé, l'intrigue basique ne subjugue pas, la faute très certainement à un story-board trop chaotique oscillant sans cesse entre les faits relatés en temps réel et les événements du passé, au point de donner le tournis. À son crédit, les brèves apparitions de sommités historiques, tel Winston Churchill à ses débuts de correspondant de guerre, de même que l'évocation du contexte politique à travers le second conflit des Boers, présentent un aspect culturel indéniable. Quid des deux personnages centraux ? Parachutés dans des contrées qui leur sont inconnues, charismatiques et peu conventionnels, ils parviennent à tirer leur épingle du jeu en campant correctement les rôles que le scénariste leur a attribués.

Dans les traits de Bernard Kollé (Diamants et Antartica) les initiés auront du mal à voir autre chose que des similitudes flagrantes avec le coup de crayon d'Hermann et de ses héros Jeremiah et Red Dust, ou encore le célèbre lieutenant Blueberry pour ne citer qu'eux. Si certaines cases et planches apparaissent réussies, d'autres en revanche manquent de finition pour livrer un graphisme à la fois attractif et cohérent avec le reste de l'album. Les grandes chevauchées dans les plaines, les animaux sauvages et la rencontre avec les autochtones assurent un dépaysement et des arrières-plans plutôt plaisants.

Agréable à feuilleter par moments, le premier tome des Aventuriers du Transvaal s'avère être néanmoins un peu à l'image de son désert, difficile à traverser.

Moyenne des chroniqueurs
5.0