Melancholia (Gurewitch) Melancholia

L es enfants ont le don d’inquiéter leurs parents. Prenons l’exemple de la mort. Dans la famille, tout le monde se promène avec sa faux depuis des générations. Mais voilà que l’héritière semble bien plus intéressée par les lapins (à qui elle offre des fleurs) que par l’entreprise familiale. Déception du paternel qui finit par s’allonger sur le divan d’un psychanalyste à qui il confie ses tourments.

Dans Melancholia ou une autre mort, l’Américain Nicholas Gurewitch propose une histoire macabre et poétique, avec une touche d'humour. La narration, sans dialogues et sans narrateur, repose entièrement sur le dessin. Un peu comme lorsqu’il lit un poème, le lecteur doit donner un sens aux images, lesquelles construisent un récit minimaliste, mais néanmoins plaisant.

Graphiquement, l’album est fabuleux. L’illustrateur reconnaît être inspiré par le travail d’Edward Gorey, dans ses thématiques (le maître illustre lui aussi des scènes lugubres) et dans son style graphique. Alors que l’aîné travaillait à la plume, le disciple utilise la carte à gratter. Dans les deux cas, le rendu évoque la gravure et ses hachures. Le recueil compte peu d’illustrations (très exactement 48), mais chacune mérite que l'amateur lui prête attention.

Un petit conte gentiment sinistre qui se parcourt rapidement, mais que l’amateur aura envie de redécouvrir.

Moyenne des chroniqueurs
7.0