Ninn 3. Les oubliés

D epuis la disparition du gardien du Fanal, Ninn et son tigre s'acquittent, mensuellement, du ménage que ce lieu nécessite. C'est d'ailleurs à cette occasion que la jeune fille tombe sur un drôle de journal. Datant de 1924, il appartenait à Éponine Malvenüe, une célèbre aviatrice qui semblait s'intéresser de près à l'affaire de « La Rame de Minuit ». De quoi intriguer la jeune héroïne et la lancer dans une aventure aussi dangereuse que prometteuse...

Après un magnifique diptyque conclu en 2016, Ninn et ses amis reprennent du service sous la plume et les pinceaux de Jean-Michel Darlot et Johan Pilet.

Maintenant que le cadre - le métro parisien et les Grands Lointains - est installé, le scénariste attaque directement dans le vif du sujet et, à peine leur héroïne de retour dans le monde fantastique qu'une nouvelle quête se fait jour. À nouveau bien documentée et reposant sur des personnages historiques, Hector Guimard, Fulgence Bienvenüe ou Jean Baptiste Berlier, ayant eu leur importance quant à l'existence du métro ou de la compagnie Nord-Sud, l'intrigue les amène sur les traces de la crue de 1910 et de l'inauguration du réseau. Plus dense que la première aventure (et donc peut-être moins accessible aux plus jeunes), mais avec un ton et des dialogues toujours modernes, l'histoire mêle flashbacks issus du journal de l'aviatrice, et événements au présent. Les deux lignes se rejoindront et une partie du passé de la fillette ainsi que les détails du mystère seront révélés. Entre-temps, ses oncles Matteo et Omar, Ulrika et Chad ses camarades de classe, Irina l'historienne qui tient le kiosque à journaux et bien sûr « le T.D.P » auront leur importance et leur aide sera bien utile.

Dans un style qui participe à la force de cette série, Johan Pilet régale à nouveau les yeux : trait vif, décors réalistes et soignés, mise en page lisible et efficace et toujours cette colorisation travaillée, véritable marque de fabrique, qui donne une ambiance reconnaissable entre mille. Qu'elle ait lieu dans les paysages des Grand Lointains, dans les sous-sols de la Capitale, dans les airs ou dans les salons d'un hôtel de luxe, chaque séquence possède son identité, sa teinte et un découpage qui colle à merveille au rythme narratif. Très à l'aise également dans les expressions, le dessinateur n'abuse pas pour autant des mimiques pour faire passer les émotions qui traversent les protagonistes. Une modération à louer par ces temps où les grands yeux larmoyants et autres cris à chaque case sont de mise.

Plus dense mais tout aussi réussi, Les oubliés continue d'inscrire Ninn comme une belle série tous publics, originale, bien écrite et au style graphique marquant. Il serait temps de s'y intéresser de près si ce n'est pas déjà fait !

Lire la chronique du tome 2.

Moyenne des chroniqueurs
7.0