L'art de mourir L'Art de mourir

P hilippe Martin, policier parisien, est contacté par une collègue de Barcelone. Arrivé dans la capitale de la Catalogne, il apprend qu’une jeune femme (possiblement son enfant dont il ignore l’existence) s’est suicidée. Cette dernière, spécialiste de Carles Casagemas, un ami de jeunesse de Pablo Picasso, s’est ouvert les veines dans sa baignoire. Sa mère, Sophie, ne croit pas qu’elle se soit tuée, pas plus que Mariona, sa colocataire. Traquant l’assassin, le limier est amené à affronter un redoutable gang de criminels.

Raule propose un suspens qu’il inscrit dans le monde des arts. Il y concocte une intrigue originale, bien qu’un peu simple. L’enquêteur, solitaire, rigoureux et entièrement dédié à son travail, relève du stéréotype. À défaut d’avoir connu son héritière, il rattrape, comme il le peut, le temps perdu. En quelques jours, il découvre sa fille à travers le regard de ceux qui l’ont côtoyée, fait le point avec son ex, démasque le coupable, comprend ses motivations et vient à bout d’une organisation qui tient en échec les forces policières depuis plusieurs années. C’est beaucoup, même pour un surhomme.

Égal à lui-même, Philippe Berthet réalise un bon boulot. Il évite la plupart des clichés touristiques (pas de Sagrada Familia ou de parc Güell) en privilégiant la représentation de lieux moins iconiques, sans pour cela visiter les bas-fonds de cette ville comme son scénariste l’a fait dans Jazz Maynard. Les dames se révèlent toutes superbes, le lecteur se demande d’ailleurs pourquoi il ne représente pas le visage de Sophie, qui ressemble beaucoup, parait-il, à sa progéniture. Il la présente toujours de dos, de côté ou dissimulée derrière un phylactère, comme s’il était réticent à l’idée d’illustrer une figure vieillissante. Le découpage est bien fait ; plusieurs planches s’articulent autour de cases horizontales pleine largeur, auxquelles s’ajoutent, au-dessus et en dessous, des vignettes verticales plus petites. Le résultat, souvent symétrique, offre un agréable coup d’œil. Un reproche : pourquoi diable vendre la mèche sur la couverture ?

Sans être franchement mauvais, ce scénario manque d’inspiration. Ces derniers temps, l’illustrateur a été mieux servi par Zidrou (Ce crime qui est le tien) et Régis Hautière (Perico).

Moyenne des chroniqueurs
6.0