Perdy 1. Fleurs. Sexe. Braquages.

P our Perdy, la vie se résume à deux choses : braquer des banques et faire l’amour. Mais quand on sort de prison, fauchée, obèse, plus très jeune et que la poitrine, jadis fière, est maintenant soumise à la loi de la gravité, le retour à la liberté peut s’avérer brutal. La criminelle se dirige vers Petiteville, un hameau où les hommes sont tous entichés de Rose, la fleuriste. La délinquante renoue avec ses deux passions ; d’abord en se livrant à des jeux amoureux d’une intensité telle que le saloon pourrait s’écrouler, puis en ébauchant un plan pour perpétrer un vol en compagnie de la vendeuse de fleurs. Celle-ci n’a pourtant aucunement l’intention de réorienter sa carrière, sinon en épousant le médecin qui, sitôt arrivé, a conquis son cœur, au grand désespoir de ses courtisans.

Dans ce western aux accents burlesques, l’américain Kickliy met en scène un personnage hors du commun. Recluse depuis plusieurs années, elle peine à réaliser que les temps ont changé, que les gens ont changé et surtout, qu’elle a changé (particulièrement son pouvoir de séduction). Les aspirations de la mésadaptée sont simples : gagner son pain, être aimée et entretenir des liens familiaux. Rien de bien compliqué, sauf si on présente le caractère de Calamity Jane et qu’on affiche le gabarit d’Obélix. Il ne se passe pas grand-chose tout au long des 160 pages de ce récit (une deuxième partie est annoncée) qui se déroule néanmoins à vive allure. Au-delà de la farce, l’auteur arrive à rendre attachante son héroïne. Et pour dire vrai, ça n’allait pas de soi.

Ce dernier porte également la casquette de l’illustrateur ; il propose un dessin sommaire, mais très expressif. La colère, la tristesse ou la joie sont illustrées avec beaucoup d’exagération et peu de nuances. Idem pour les lieux, toujours un peu brinquebalants et rarement ordonnés. Les décors se révèlent souvent riches, mais eux aussi paraissent rapidement exécutés. La construction est à l’avenant : l’interstice entre les vignettes fluctue et les bandes n’ont pas toutes la même largeur. Pour tout dire, de l’ensemble se dégage une impression de chaos, laquelle est tout de même loin d’être inintéressante.

L’entreprise a certes l’allure d’une comédie, mais au-delà du rire, le scénariste tient un discours sensé sur la solitude et l’isolement social.

Moyenne des chroniqueurs
6.0