Dans son ombre

L éa vit avec sa maman, Tamara, très jeune, très belle, plutôt immature et fêtarde. Son papa est tout le contraire. Vieux et cérébral, il appartient de toute évidence à une classe sociale aisée. Le mercredi, il passe la journée avec elle, généralement pour aller au musée. Il l’initie aux arts, l’amène à découvrir les civilisations, puis l’aide dans ses travaux scolaires. L’enfant grandit et un jour ce dernier lui apprend qu’il a une femme et un fils, Tom. Les deux univers doivent néanmoins continuer d’être parfaitement étanches. Le titre du livre, Dans son ombre, trouve alors tout son sens.

La nouvelle de Marie-Anne Mohanna se révèle minimaliste. Un duo mère-fille symbiotique (qui rappelle celui de Lou), une figure paternelle forte, quoique distante, et quelques zones d’ombres (Qu’est-ce qui lie les parents ? Pourquoi cette différence d’âge ? Qui est ce frère de 30 ans toujours aux études ? Pourquoi tant de cachotteries ? L’épouse est-elle au fait de cette double vie ?). Malgré ces nombreuses questions, le récit se présente comme une ligne droite et il y aura peu de réponses. De fait, la seule chose qui compte demeure le lien entretenu par l’héroïne et son paternel qui s’adorent. Une dynamique explorée au travers d’une foule de petites anecdotes plus ou moins banales. En cela, la conclusion, bien qu’elle apporte des éléments d’explication, semble un peu parachutée.

Les illustrations, en noir et blanc (sans gris), traduisent le même souci de limpidité, comme si l’artiste souhaitait éviter qu’elles n’entravent la narration. Les décors se montrent fréquemment sommaires et ont parfois l’allure de gribouillis. Les personnages sont également schématiques ; souvent il n’y a que le sourire pour témoigner des états d’âme. Les traits étant peu marqués, les acteurs n’ont pas vraiment d’âge, sinon le patriarche avec sa calvitie et ses cheveux blancs.

Une chouette chronique familiale qui donne le goût de repasser par le Louvre ou de se perdre dans la Grande galerie de l’évolution. En fait, cette bande dessinée ne raconte-t-elle pas justement l’histoire d’une gamine perdue dans les mystères de sa propre évolution ?

Moyenne des chroniqueurs
7.0