Les lumières de l'aérotrain

L es existences de Romuald, Hervé et Mathilde n'ont rien de folichon. Elles se limitent à descendre quelques bières sous une des piles de la ligne abandonnée de l'aérotrain, à regarder passer la rame de 16h54 en provenance de Toulouse, et à sortir au dancing du coin pour y draguer ce qui se présente. Trop jolie et gentille pour être honnête, lorsque Lucie débarque sans crier gare, c'est le train-train de la bande qui se retrouve grandement chamboulé, jusqu'au drame presque inévitable.

En 1964, l'ingénieur français Jean Bertin donnait naissance au projet ambitieux d'un nouveau moyen de locomotion à grande vitesse monté sur coussin d'air : l'aérotrain. En raison de coûts trop élevés, l'idée fut vite abandonnée au profit du T.G.V, pouvant lui, s'accommoder du réseau ferroviaire existant. À l'issue, le prototype fut stocké puis oublié dans un hangar. C'est dans ce contexte qu'Aurélien Ducoudray (La ballade de DustyLes chiens de Pripyat) a conçu une comédie dramatique en y plaçant quelques années plus tard, deux mineurs un peu paumés et crédules. Ils occupent leurs journées à glandouiller, rejoints lorsque son service est terminé, par une caissière d'un petit supermarché. Le ver dans le fruit est présent sous l'apparence d'une petite nana aguicheuse tout juste installée au sein de leur petite ville de province. Telle une marionnettiste, elle va user de son charme et user de sa roublardise pour tirer les ficelles et orienter ces trois sympathiques pantins sur une très mauvaise voie. Le dessin, particulièrement plaisant de Corgié dont ce sont les grands débuts, vient embellir une tranche de vie qui soulève la question et le problème de la manipulation.

Nonobstant la crédibilité défaillante de certains passages, Les lumières de l'aérotrain dévoile l'histoire folle et novatrice de ce monorail à propulsion par hélice. En définitive, ce récit complet parvient à transporter son lecteur sur les bons rails.

Moyenne des chroniqueurs
6.0