Klon

R occo est schizophrène et consomme plus que de nécessaire du shark-07, ce qui l’aide considérablement à accepter un quotidien sans vrai lendemain dans une Italie qui dérive inexorablement. Benvenuto a Roma, siamo nel 2072.

Dessinateur éclectique, Corrado Mastantuono est de ceux qui peuvent aborder, avec brio, plusieurs genres graphiques ; et qui ici - sur un thème plus qu’éculé - arrive à en proposer une variation intéressante.

Naviguant au gré des états d’âme d’un jeune hacker visiblement mal dans sa vie et pas seul dans sa tête, Corrado Mastantuono profite de l’occasion pour partager une vision désabusée, mais parfaitement plausible des années à venir ! Parfois bavard avec une voix off qui fait étal des pensées, pas toujours très claires, du personnage principal - difficile de parler ici de héros -, Klon s’organise entre séquences de pure adrénaline - où Rocco s’en sort curieusement indemne - et passages plus introspectifs conférant la profondeur adéquate à cette épopée futuriste. Il reste cependant à s’interroger sur un final en forme de happy-end qui contraste singulièrement avec le pessimisme ambiant. Un excès d’optimisme sans doute ?

Graphiquement, Corrado Mastantuono met en place un univers qui n’est pas sans évoquer – parfois - celui de Paul Gillon. Simple dans sa manière de construire l’avenir, mais efficace par le réalisme d’un trait qui ne cherche pas à embellir les choses, le dessinateur transalpin sait se montrer précis tout en laissant aux teintes, généralement froides, de sa mise en couleurs le soin de donner de l’épaisseur à ce thriller psychologique autant que sociétal.

Imaginant des jours pas forcement meilleurs, Klon est de ces albums ouverts par curiosité et refermés avec la satisfaction de ne pas être passé à côté d’une histoire bien écrite… et dessinée.

Moyenne des chroniqueurs
7.0