Le oki d'Odzala Le Oki d'Odzala

L e primate massif laisse son regard étrangement humain s'attarder sur les chasseurs, interrompus dans leur traque. Deux des leurs se sont faits prendre par la police. Au Congo, la lutte anti-braconnage à fort à faire, comme peut le constater le dessinateur un peu balourd dépêché pour assister Clémence dans sa dernière mission : recueillir des échantillons ADN suffisamment pertinents pour obtenir de nouveaux crédits alloués à ses recherches. Mais la scientifique s'intéresse surtout à prouver la véracité d'une légende, le Oki, un grand gorille blanc.

Daniel Alexandre sort des œuvres de Pagnol (Jazz, Merlusse) pour prolonger, compléter et enrichir son carnet de voyage Des gorilles et des hommes en y intégrant de la fiction. Le folklore africain s'exprime dans le vaudou et la brutale réalité dans le massacre de ces animaux à l'intelligence certaine. L'ouvrage ne cherche cependant pas à être un réquisitoire contre les responsables des extinctions, mais montre, de manière naturelle et évidente, la valeur de ces sages à quatre mains. Le narrateur qui croque la faune apporte, grâce à son inexpérience, une note de fraicheur et d'humour, contrebalancés par le sérieux et l'investissement émouvant de sa collègue.

Beaucoup de douceur se dégage des illustrations à l'aquarelle. Le trait réaliste ne s'attarde pas sur les détails et s'accorde une certaine latitude, préférant laisser le ressenti des images imprégner l'esprit du lecteur et le faire voyager aux côtés des personnages.

L'esprit de Dian Fossey plane au dessus de ce one-shot empreint d'humanité et démontrant, une fois de plus, que l'homme ravage la vie sur Terre et se met lui-même sur la liste des prochaines disparitions.

Moyenne des chroniqueurs
6.0